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Un fait marquant de la vie démocratique occidentale est le manque de courage des hommes politiques lorsqu’ils sont au pouvoir et leurs éclairs de lucidité après avoir quitté leur mandat. Gérard Collomb, en quittant le ministère de l’Intérieur, avait affirmé : « Aujourd’hui, on vit côte à côte… Je crains que demain on vive face à face ». Rythmés par une succession d’élections intermédiaires (municipales, départementales, régionales et européennes), les quinquennats présidentiels – déjà courts ! – sont bridés par la nécessité, pour le Président de la République, d’être plus ou moins toujours en campagne. En effet, chacune de ses décisions impacte les chances de son parti dans les urnes. Il en est de même, à plus forte raison, pour les ministres, qui valsent au gré des remaniements gouvernementaux. La démocratie française est donc particulièrement soumise aux polémiques médiatiques et chaque erreur de langage vaut une « bavure policière »…

Néanmoins, si tant est qu’un candidat courageux parvienne à se hisser jusqu’à l’Elysée, certaines choses peuvent bien être faites. Le mandat présidentiel américain est encore plus court : quatre ans. Cependant, cela suffit à Donald Trump pour placer des juges conservateurs à la Cour suprême afin de favoriser l’agenda politique des militants pro-vie. Les propositions de lois issues de cette mouvance peuvent difficilement être retoquées par la haute autorité judiciaire du pays. En témoigne la récente loi dite « du cœur battant », au Texas, qui interdit l’avortement au-delà de six semaines sauf danger pour la mère. Donald Trump n’a pas finalisé l’imperméabilité de la frontière mexicaine, ni réglé l’ensemble des problèmes invoqués pendant la campagne, « l’Amérique » n’est pas redevenue « great again » mais il a placé quelques pions essentiels qui resteront.

Et en France ? Rappelons que le maître de l’Elysée nomme trois membres sur neuf du Conseil constitutionnel (trois par le président de l’Assemblée nationale et trois par celui du Sénat). Ce qui laisse une certaine latitude pour censurer une loi jugée « inconstitutionnelle ». Cet adjectif pouvant être invoqué même contre l’esprit d’une loi, plus que pour son contenu précis, ce pouvoir de nomination peut aboutir à des décisions courageuses. On a bien vu, en sens inverse, le Conseil constitutionnel valider le Passe sanitaire malgré d’évidentes entorses à la Déclaration des droits de l’homme, reconnue par la Constitution… Mais il reste l’obstacle des membres nommés par le président de l’Assemblée nationale et du Sénat. Ce qui nous rappelle la nécessité, pour le Président, de gagner aussi les législatives. Le Président doit donc s’appuyer sur une machine de guerre médiatique et un ensemble de cadres compétents et décidés.

Quant au Conseil d’Etat, ses membres sont recrutés à la sortie de l’ENA et des grandes écoles. De plus, il compte 231 personnes ! C’est une grosse machinerie administrative sur laquelle un Président venu de l’extérieur du sérail politique ne peut avoir un poids décisif. En mai dernier, le Conseil d’Etat a confirmé la dissolution de Génération Identitaire… Pour gouverner les mains libres une fois élu, il faut avoir une volonté de fer et faire campagne pour gagner. La politique n’est pas un jeu, beaucoup plus qu’une école de la vie et avant tout une arène où l’on combat jusqu’à la fin.

Clément Martin

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