En quoi le populisme est-il différent des autres ismes ? Qu’est-ce qui différencie un Matteo Salvini ou un Donald Trump d’un Emmanuel Macron ou d’une Angela Merkel ? Le rapport au peuple, c’est évident. Mais, sans doute Emmanuel Macron pense-t-il sincèrement agir pour le bien du peuple français. Personne ne dit vouloir le malheur du peuple, ou aller contre ses intérêts.
Alors quelle est la différence entre les populistes et les autres ?
Celle-ci est en fait assez évidente. Un socialiste, un libéral, etc., va agir pour une idée. Le populiste, lui, va agir pour le réel.
Emmanuel Macron pense sincèrement qu’il est bon d’ouvrir encore plus la France à la mondialisation. Il est persuadé qu’intégrer les circuits économiques internationaux permettra d’améliorer la situation du plus grand nombre. À travers la croissance économique, un plus grand nombre de Français accédera au travail, à la richesse, au progrès. À travers l’immigration massive, la France deviendra plurielle, ouverte, tolérante, métissée, ce qui, dans son esprit, est positif.
Sans doute Emmanuel Macron a-t-il conscience des « dommages collatéraux » provoqués par sa politique. Il est trop intelligent pour ne pas voir les dégâts immenses causés par la désindustrialisation à des régions entières. Il sait que, sous l’effet de l’immigration massive, la France est aujourd’hui fracturée, divisée et au bord de l’explosion.
Mais, dans l’esprit d’Emmanuel Macron, ce ne sont jamais que des mauvais moments à passer. Grâce aux forces du progrès, les ouvriers licenciés, ou à défaut leurs enfants, suivront des formations et pourront s’insérer sur un marché du travail nouveau. Grâce aux forces du progrès, les communautés parviendront à cohabiter les unes à côté des autres et formeront un patchwork cohérent et fraternel.
Le populiste, lui, voit les choses différemment. Il ne se contente pas d’une idée de progrès, d’une idée de bien-être, d’une idée d’amélioration. Il n’accepte qu’une amélioration réelle et préfère, somme toute, maintenir l’existant plutôt que le sacrifier au bénéfice d’une simple idée. Le populiste n’est hostile ni au progrès, ni au changement, mais il demande que celui-ci soit concret, réel, qu’on puisse le voir et le toucher.
Certains reprochent aux populistes de manquer de réflexion, de ne pas agir selon de grands principes. Les « élites » reprochent aux populistes de ne rien comprendre aux théories économiques (une accusation de plus en plus remise en question lorsqu’on voit les résultats économiques de Donald Trump ou même de Viktor Orban, qui feraient pâlir d’envie nos gouvernants français…).
Mais les populistes ont pour eux de faire passer le réel avant l’idéologie, le concret avant la théorie. Le bilan de ceux qui les attaquent est désastreux : tant sur l’économie, dont ils prétendent pourtant être experts, que sur le sociétal et la fracture ethnique. Sans parler de leur taux de popularité. Tandis que Macron ne décolle pas des 30% d’opinions favorables, un Matteo Salvini en Italie en cumule plus de 60% !
La recette de la réussite politique apparaît de plus en plus clairement : protéger le peuple, dans tous les domaines. Faire du protectionnisme économique mais aussi migratoire. En somme, revenir aux fondements de la politique, c’est-à-dire la défense du peuple et de ses intérêts.
Anthony Grange