Tribune de Bastien Rondeau-Frimas paru dans le magazine France.
Le 26 mai, Donald J. Trump a passé la barre des 1.237 délégués qui lui assure la nomination en tant que candidat des Républicains. Candidat à la primaire du parti des conservateurs américains, sorte de premier tour interne qui sert à désigner leur représentant à l’élection présidentielle, il a fini par vaincre tous ses adversaires. On pourrait croire que cela a été simple tant le soutien populaire a pu sembler écrasant, avec des scores allant, dans les États du Delaware et de Rhode Island, jusqu’à plus de 60%. C’était une semaine avant que les deux candidats encore en lice abandonnent, comme les autres. Ils étaient 12 au début de la primaire et personne n’avait misé sur Trump, sauf de rares commentateurs qui furent moqués, comme Ann Coulter, analyste politique américaine. Dès le 19 juin 2015, c’est à dire trois jours seulement après l’annonce par Trump de sa candidature, elle affirmait qu’il allait gagner la primaire. Seule de cet avis sur le plateau, elle fut la risée des autres invités et du public. Loin de se décontenancer, elle continua et alla même jusqu’à dire que Bernie Sanders, candidat Démocrate aux primaires de son parti, pourrait être une plus grande menace pour Trump qu’Hillary Clinton lors du duel final. Son raisonnement ? « Sanders est le candidat de la classe moyenne et de la classe ouvrière, ce qui n’est pas le cas d’Hillary qui ne pense qu’à la Chambre de Commerce ». C’était l’analyse la plus juste du début de campagne, et elle l’est encore : elle explique en partie le succès de Trump.
L’autre raison principale de son succès est que l’élection américaine est un cirque, et Trump est le meilleur de tous les clowns. Rien de méprisant là-dedans, au contraire : Donald Trump est un gagnant, un magnat de l’immobilier devenu milliardaire, un entrepreneur expert dans l’art de négocier et de tourner des contrats à son avantage. Il a écrit plusieurs livres, dont son autobiographie qui est aujourd’hui considérée comme un classique du businessman, intitulée The Art of the Deal. Lorsque Trump veut acquérir quelque chose, quand il veut réaliser un « deal » qui lui est favorable, il trouve toujours un moyen. Il sait parler aux gens et sait manipuler ses adversaires pour faire la meilleure affaire possible. En 2015 ses yeux se sont posés sur l’élection américaine, et si pour la gagner il lui fallait être un clown alors il allait devenir le meilleur de tous. Mais cela datait-il vraiment de 2015 ?
Déjà dans une émission d’Oprah Winfrey en 1988 lui était posée la question, suite à une tirade dans laquelle il expliquait que les dirigeants Américains faisaient de mauvais choix économiques et politiques. « Cela semble presque un discours politique, de présidentiable… Je sais que l’on vous a parlé de vous présenter, le feriez-vous ?” lui a-t-on demandé. Bien qu’il ait sans doute été sincère en disant qu’il n’y pensait pas, sa réponse d’alors annonçait déjà la couleur : « Probablement pas, mais je commence à fatiguer de voir mon pays dépecé. […] Ça ne m’attire pas spécialement car j’adore ce que je fais, mais si la situation venait à trop se détériorer je n’écarterais pas cette possibilité. » Comment ne pas voir là la source de son slogan actuel, Make America Great Again, Rendre l’Amérique Grande de Nouveau ? Donald Trump a le sentiment, comme ses compatriotes, que son pays est en plein déclin et qu’ils sont mal servis par les politiciens. Alors il va les servir lui-même.
Au contact du peuple
Donald Trump est une figure connue du public américain. Il a toujours été un people, afin de marchandiser son nom, d’en faire une marque, il a pris pied dans le monde télévisuel à la fin des années 80. Le milliardaire est régulièrement apparu dans des films ou des séries via des caméos, il est intervenu dans les populaires émissions de catch de la WWE et a même été au centre d’une émission de télé-réalité, The Apprentice, dans lequel il était mis en scène en train de sélectionner des candidats pour les refuser – avec son fameux « You’re fired », qu’il reprendra lors de sa campagne au moment d’éjecter les perturbateurs de ses meetings – ou de leur donner un travail bien payé.
C’est grâce à cela qu’il a pu prendre un bon démarrage dans sa campagne électorale : ses meetings politiques, organisés dans des salles municipales ou des gymnases universitaires, attirèrent dès le début des milliers de gens, surpassant de loin les autres candidats. Les Américains venaient voir l’homme de spectacle, celui qui avait fait des émissions amusantes à la télé, et se retrouvaient à écouter un homme décidé dont le discours était calibré pour les toucher. Aujourd’hui ils sont plusieurs dizaines de milliers à se retrouver lors de ces rassemblements, ils viennent pour celui qu’ils espèrent être le futur Président des États-Unis d’Amérique et lui ont permis de battre le record de voix obtenues par un candidat à la primaire du parti Républicain, alors que celle-ci n’est même pas encore terminée.
Car Donald Trump est également proche des préoccupations des Américains, et centre sa campagne autour de thèmes qui parlent aux classes moyenne et ouvrière. Contrairement à ses adversaires Républicains, tous plus ou moins marqués par l’idéologie néo-conservatrice interventionniste, Trump s’est affiché comme un quasi-isolationniste. Il se dit bien sûr conservateur, mais des intérêts du peuple américain et non de la géopolitique du pays : faire passer les citoyens d’abord, expulser les clandestins, arrêter l’immigration illégale en construisant un grand mur à la frontière avec le Mexique, créer des emplois, refuser l’entrée sur le sol national des musulmans qu’il estime être la cause principale du terrorisme à travers le monde, arrêter l’ingérence internationale ainsi que les déploiements militaires un peu partout qui coûtent des vies et de l’argent… Sur tous ces points il s’est démarqué des autres candidats les plus importants, Jeb Bush, Marco Rubio et Ted Cruz, chacun ayant été à un moment donné le candidat privilégié par les hautes instances du GOP (Grand Old Party, le parti Républicain), qui ne jurent que par l’intervention armée et la globalisation.
Contre l’establishment
En voulant rendre l’Amérique aux Américains, Donald Trump s’est en effet positionné comme le candidat du peuple contre les élites. C’est un héritier certes, et il est multimilliardaire, mais il a mis de côté son empire et sa situation en s’exposant par cette aventure politique qu’il autofinance pour une large part – tout en acceptant les dons privés. Cela lui assure de ne rien devoir à personne, lui qui a financé les campagnes de beaucoup de candidats par le passé et leur a en retour demandé des services une fois élus. Contrairement à la plupart des politiciens Américains, anciens avocats qui n’ont jamais fait que naviguer dans le système politique, soutenus par de grands groupes industriels, parfois membres de dynasties comme son adversaire Jeb Bush, le businessman Trump est un outsider. Indépendant, jamais engagé auparavant sauf en tant que soutien officiel – une pratique courante aux USA, le political endorsment – il connaît le monde du travail. The Donald est un capitaine d’entreprise, qui a construit des immeubles et a pris des risques financiers, qui a créé des emplois mais aussi qui est populaire, et même populiste diront les médias.
Trump a vécu le rêve américain et veut le rendre de nouveau accessible à ses compatriotes. Dans une émission télé il y a plusieurs années, il était interrogé par une spectatrice qui commença par se présenter comme une « personne normale ». L’homme d’affaires l’interrompit immédiatement et lui dit : « ne pensez jamais que vous êtes une personne normale […] vous devez vous dire que vous êtes une personne d’exception, et vous devez le penser sincèrement ». Il lui donne là un de ses conseils favoris, qui lui ont permis d’arriver là où il en est. Donald Trump désire que chaque individu puisse réussir s’il s’en donne les moyens car c’est le chemin qu’il a lui-même parcouru et qui le rend légitime aux yeux du peuple, lassé de la politique politicienne.
Cette spécificité le rend dangereux pour l’establishment américain, la caste politico-médiatique qui règne en maître outre-Atlantique. Dès le début la quasi totalité des médias, des lobbies et des voix politiques qui portent se sont positionnés contre lui, et cela n’a fait qu’empirer avec ses déclarations politiquement incorrectes. D’entrée de jeu, dans le discours annonçant sa candidature, il parle du Mexique qui envoie via l’immigration illégale « ces gens qui apportent leurs problèmes avec eux, de la drogue, du crime, des viols, même si certains sont, j’en suis sûr, des gens bien ». Quand Trump parle d’interdire aux musulmans l’entrée du territoire il s’attire les foudres de tous les journalistes et politiciens mais il s’en moque car ses propos sont à destination du peuple, qui craint le terrorisme et commence à ne plus supporter la chape de plomb idéologique qui prend de plus en plus de place, jusqu’à faire dire au candidat démocrate Bernie Sanders « un Blanc ne peut pas connaître la pauvreté » à cause du supposé « racisme institutionnalisé ».
L’ire médiatique qui se déclenche à chacune de ses provocations sert le milliardaire car il est qualifié par les médias de raciste, de misogyne, d’idiot, et c’est tout son électorat qui se sent visé. Ces Américains de la classe moyenne blanche en pleine déchéance ou les ouvriers laissés pour compte, c’est toute cette majorité silencieuse – comme dit Trump en référence au discours de Richard Nixon – qui se fait injurier à travers lui, et ça ne fait que renforcer le ressentiment à l’encontre de l’establishment, de ces élites qui ne comprennent pas les souffrances de la société américaine en proie au déclassement social et au conflit ethnique de plus en plus exacerbé. Quand on manque de respect au candidat du peuple, on manque de respect au peuple lui-même.
Génie de la communication
The Donald sait très bien tout cela. Affiché dans toutes les télévisions occidentales comme un imbécile arrogant, il est en fait un marionnettiste qui joue avec les médias et ses adversaires politiques : « qu’ils parlent de moi en mal, pourvu qu’ils parlent de moi ». Quand les médias commencent à parler d’autre chose que de lui, il revient sur le devant de la scène grâce à une déclaration fracassante afin de les relancer en boucle pour un ou deux jours de plus, avant de nuancer ses propos et d’apparaître comme une victime de la mauvaise foi journalistique. Même ses adversaires furent réduits à devoir parler de lui à chaque fois qu’ils ont eu un micro devant eux.
C’est particulièrement visible sur son compte Twitter, qu’il gère intégralement. Il retweete les messages de soutien de ses partisans, affirmant par là sa proximité avec eux et construisant une communauté de militants virtuels très actifs, qui l’aident à gagner en popularité grâce à des images virales ou des vidéos le montrant sous un jour sympathique occulté par les journalistes. Il n’hésite pas à répéter, parfois même à la télé, des statistiques fausses, comme il l’a fait dans ce coup brillant datant d’octobre 2015 : Trump retwete une image sur les crimes aux USA, qui font régulièrement des statistiques ethniques. Cette image annonçait que, pour l’année 2015, « 2% des Noirs tués le sont par des Blancs » et « 97% des Noirs tués le sont par d’autres Noirs ». Tempête médiatique, accusations de racisme et correction zélée de toute la presse : non, ce ne sont pas les bons chiffres, la vérité c’est que 8% des Noirs tués le sont par des Blancs et 90% des Noirs tués le sont par d’autres Noirs. Trump a donc menti et stigmatisé toute une communauté, mais il a quand même gagné car ce sont des chiffres qui ne sont jamais communiqués habituellement et restent plutôt choquants même après rétablissement de la vérité. Pendant plusieurs jours on n’a parlé que de lui et du fait qu’il s’approchait de la réalité en la déformant un peu. Il dira d’ailleurs par la suite « mon twitter est devenu si puissant qu’il peut pousser mes ennemis à dire la vérité ».
Pourtant, Trump se moque de la vérité. Il n’apprend ni les chiffres, ni les noms, ni les faits. Il sait que, comme l’a analysé Scott Adams, l’homme est irrationnel et ne retient que les émotions. Le milliardaire est un fin psychologue et cherche à marquer les esprits plutôt qu’à dire le vrai. C’est très perceptible dans sa manie d’affubler ses adversaires de surnoms méprisants ou de leur rétorquer des répliques cinglantes, ce que Scott Adams appelle des « traits meurtriers linguistiques ». Quand il répond à Jeb Bush que sa mère devrait être candidate à sa place tant il manque d’énergie, quand il se moque de Ted le Menteur, de Petit Marco ou d’Hillary la Malhonnête, Trump imprime dans l’esprit des électeurs ce grotesque qui sera ensuite indissociable de leurs apparitions médiatiques.
Il sait aussi soutenir ses amis, comme dans ce débat entre les candidats Républicains où le docteur Ben Carson commençait à se ridiculiser en attendant, filmé dans l’antichambre, qu’on l’appelle pour venir sur la scène. Il avait en fait déjà été appelé, mais son oreillette était dysfonctionnelle. Plusieurs autres candidats lui passent devant. Pas Trump, qui s’arrête à ses côtés et attend que l’on règle la situation, restant ainsi de longues secondes à l’écran. Vite moqué dans les médias pour cette « bouffonnerie », il réalise en fait un brillant coup de com’ et envoie un message fort aux Américains : quand on est un ami de Donald Trump, celui-ci est prêt à se couvrir de ridicule en partageant avec vous le risque d’une mauvaise image. C’est pourquoi il fait campagne seul contre tous et emporte toujours plus de suffrages : il est avant tout un ami de l’Amérique et des Américains.
Le baroud d’honneur des Blancs d’Amérique ?
Tous ne sont pourtant pas sensibles à cette rhétorique. Les USA forment un pays multiculturel, multiracial et fortement communautarisé. Environ 5% des Américains sont Asiatiques, 13% Africains ou Afro-américains, 17% sont Latinos et 62% sont Européens. Une avance confortable pour la majorité blanche ? Pas sûr, car si la démographie des Noirs est relativement stable celle des Latinos, majoritairement Mexicains, est galopante et a doublé en proportion entre 1990 et 2016. Les Américains d’origine européenne devraient représenter moins de 50% de la population dès 2045.
Le vote Afro-américain est ethnicisé à l’extrême, avec au moins 85% d’entre eux votant pour les Démocrates de façon constante depuis plus de 40 ans, allant jusqu’à 95% en 2008 pour Barack Obama, ce qui n’est pas sans rappeler l’élection présidentielle en France qui a vu un vote écrasant des musulmans en faveur de François Hollande. Le parti Démocrate a en effet depuis longtemps abandonné la classe ouvrière, comme le Parti Socialiste français l’a fait en suivant la stratégie du think tank Terra Nova : devenu économiquement libéraux, leur objectif est maintenant d’attirer les minorités de toutes sortes. En agglomérant ainsi les votes des jeunes, des féministes – l’un des arguments phares d’Hillary Clinton étant d’ailleurs, en substance, « après le premier Président Noir, pourquoi pas une femme ? » -, des LGBT, des minorités ethniques et religieuses, la gauche compte sur la démographie pour arriver à terme à battre systématiquement la majorité blanche.
Les Latinos sont assez sensibles au discours démocrate malgré leurs tendances plutôt conservatrices et catholiques. En 2012, ils furent ainsi 71% à voter pour Barack Obama face à Mitt Romney. Donald Trump assure régulièrement qu’il finira par gagner le vote des Hispaniques intégrés ayant fait les démarches légales d’acquisition de la citoyenneté, contre lesquels il n’a jamais eu le moindre mot. Il ne s’est également jamais dit défavorable à l’immigration tant que les États-Unis auraient besoin de main d’oeuvre, affirmant plutôt son hostilité face à la masse grandissante d’immigrés clandestins et qui sont environ 12 millions. Malheureusement pour Trump, les Latinos sont jusqu’à 77% à avoir une opinion défavorable de lui suite à ses multiples commentaires sur l’immigration mexicaine.
À l’inverse, le vote Blanc lui semble acquis, particulièrement chez les non diplômés qui fin mai auraient été 65% à voter pour lui selon un sondage commandé par le Washington Post. Le soutien tombe à 46% chez les Blancs diplômés, mais dans les deux cas il reste supérieur aux suffrages que peut espérer Hillary Clinton. Le vote Blanc étudié par sexe montre également une nette préférence des hommes en faveur de Trump par rapport à Hillary (69% contre 22%) et une plus légère des femmes dans le même sens (47% contre 43%).
Lorsque l’on prend en compte toutes les catégories socioprofessionnelles, entre mars et mai Trump gagne des soutiens partout à l’exception de la tranche d’âge 30-49 ans où il recule de seulement 2 points. Il gagne jusqu’à 17 points chez les 18-29 ans, pourtant traditionnellement progressistes, et séduit d’ailleurs de plus en plus d’électeurs démocrates (+ 8 points). Enfin il élargit de façon manifeste sa base chez les Blancs en gagnant 8 points en moyenne. Fin mai est paru le premier sondage l’annonçant gagnant face à Clinton.
« Je ne tente jamais rien que je ne pense pouvoir réussir »
Son ascension semble inexorable. Jusqu’à la victoire finale ? C’est envisageable, contrairement à ce que presque tous les spécialistes annonçaient il y a encore quelques mois. La montée en puissance de Trump s’apparente à celle constatée en Europe des partis anti-immigration. La sociologie des électeurs est la même, touchée par son discours sur le refus « d’abandonner les États-Unis et son peuple aux fausses promesses du globalisme ».
Quelles seraient les conséquences pour l’Europe d’une présidence américaine de Trump ? Sa sympathie affichée pour Vladimir Poutine pourrait atténuer les tensions entre les deux géants de la guerre froide. Donald Trump considère en effet que l’ennemi principal est la Chine, qui pourrait très bientôt passer devant les États-Unis de façon irrémédiable sur les plans économique et, à terme, géopolitique. Il est presque certain que Trump romprait avec la stratégie actuelle de quasi containment de la Russie, ce qui permettrait aux nations de l’Union Européenne de repenser plus sereinement ses relations avec la puissance eurasiatique.
Les dirigeants qui, comme François Hollande, cherchent à être plus royalistes que le roi Obama et qui s’opposent de façon systématique à la realpolitik en lui préférant une vision manichéenne fondée sur une morale universelle pourraient bien avoir à changer leurs plans. Donald Trump ne sera pas tendre avec l’État Islamique ni avec les soutiens à peine dissimulés aux terroristes musulmans, la Turquie et l’Arabie Saoudite. Il a d’ailleurs déjà dit que l’OTAN était « obsolète et coûteux », ce qui pourrait sonner le glas des tentatives d’entente entre l’Union Européenne et le Président Turc Erdogan qui négocie activement l’adhésion de son pays sous la menace de libérer des flots toujours plus massifs de « réfugiés », en fait des migrants économiques souvent peu touchés par la guerre et n’attendant que de pouvoir rejoindre l’eldorado européen.
Il a parfois été dit que le tempérament de Trump risquerait de lui attirer les inimités de la communauté internationale mais c’est sans compter sur la puissance encore indéniable des USA. Ces politiques qui font la fine bouche, sur le modèle du nouveau maire musulman de Londres Sadiq Kahn, qui a traité le candidat Américain d’ « ignorant », ont sans doute plus besoin des États-Unis que l’inverse et finiront bien par accepter le fait accompli, comme l’a fait l’ancien Président du Mexique, Vincente Fox, qui avait qualifié Trump de « fou égocentrique » et s’est platement excusé après sa nomination officielle comme candidat Républicain.
Entre fermeté parfois théâtrale sur l’immigration, principale inquiétude du peuple, et clins d’oeil économiques ou géostratégiques aux riches pour les assurer qu’il n’est pas fou, Donald Trump a su trouver l’équilibre. Sa victoire et ses méthodes, dont pourrait s’inspirer une partie de la droite européenne tel le FN en France, décomplexerait un discours identitaire et libéral sur le modèle du FPÖ Autrichien. L’identité anglo-saxonne protestante blanche des USA est en train de mourir, et ceux qui la représentent commencent à peine à s’éveiller. Peut-être est il trop tard pour eux, mais les États-Unis ont souvent eu une longueur d’avance sur le reste de l’Occident et il y a fort à parier que dans quelques années les élections en Europe se résument à un référendum « pour ou contre l’immigration », façon déguisée de se prononcer pour ou contre la fin de ce qui fait de nous des Européens.