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Texte de l’intervention de Bruno Mégret au Forum de la dissidence du 18 novembre 2017

« Le moins qu’on puisse dire est qu’au printemps dernier tout s’est retourné contre nous. Et ce retournement tristement spectaculaire doit sonner comme un tocsin pour les forces de droite car il n’est pas lié au mauvais sort. »

L’élection était imperdable, elle a été perdue !
Le candidat des Républicains devait être élu, il a été éliminé !
La candidate du FN devait arriver en tête, elle se qualifie de justesse pour le second tour !
La gauche était donnée moribonde, elle triomphe avec Macron !
Le système était menacé, il en sort renforcé !

Le moins qu’on puisse dire est qu’au printemps dernier tout s’est retourné contre nous. Et ce retournement tristement spectaculaire doit sonner comme un tocsin pour les forces de droite car il n’est pas lié au mauvais sort. Nos adversaires ont en effet manœuvré avec intelligence et audace et ils ont réussi à sauver une situation qu’on disait désespérée. Mais de notre côté, du côté de la droite, force est de constater que les erreurs se sont accumulées.

Oh, je vous rassure : je ne vais pas entamer ici un long réquisitoire contre la campagne de Fillon ou celle de Le Pen. Tout a déjà été dit, et excellemment dit, en début de matinée par Michel Geoffroy.

Non, je voudrais seulement en tirer une leçon toute simple : si la droite, que dis-je, si les droites françaises sont en ruine, alors un grand travail de refondation est maintenant à réaliser. Et ce travail voyez-vous, il ne passe pas d’abord par la rénovation des appareils, par des manœuvres de personnes ou des regroupements de circonstances. Il passe par les idées. C’est par les idées que les uns et les autres ont échoué. Et c’est par les idées que la droite se relèvera.

Car il est aujourd’hui nécessaire de sortir des habitudes idéologiques et programmatiques qui ont été celles des partis de droite au cours des dernières années. Non pas bien sûr pour mettre en cause nos valeurs et nos convictions, mais pour les adapter au monde d’aujourd’hui, pour montrer qu’elles sont plus que jamais d’actualité et que, si nous les défendons depuis longtemps, elles sont plus neuves que jamais.

Et si vous le permettez, je voudrais commencer ici ce travail de refondation, de clarification et de modernisation en tirant un enseignement de cette dernière campagne. Un enseignement à mes yeux fondamental.

Il concerne la question européenne qui a souvent été au centre des débats.

La position des Républicains était de soutenir l’Europe de Bruxelles, conformément aux injonctions du système.

La position du Front National était d’en sortir conformément à ses principes souverainistes.

Or, ces deux options sont des impasses et l’électorat l’a senti confusément qui les a rejetées l’une comme l’autre.

Et ce double refus, celui de l’Europe bruxelloise comme celui de la sortie de l’Europe, nous amène, me semble-t-il au cœur des enjeux d’aujourd’hui. Car je suis convaincu que la question européenne est désormais la pierre angulaire du renouveau de la droite.

Pourquoi ? Pour une raison fondamentale. Parce que la question identitaire et la question européenne sont désormais liées. Aujourd’hui on ne peut plus les séparer. Et quand on les sépare, ça ne marche pas !

Bruxelles qui prétend unir l’Europe mais qui refuse de défendre nos identités, ça ne marche pas.

Le FN, qui prétend défendre nos identités et qui tourne le dos à l’Europe, ça ne marche pas non plus.

Et il y a à ceci une explication simple : notre identité est nationale mais aussi civilisationnelle et notre civilisation est européenne !

Et il ne s’agit pas d’un constat théorique, mais d’une réalité concrète. Une réalité que l’on côtoie tous les jours avec l’immigration par exemple.

Car cette immigration massive et incontrôlée qui déferle sur notre sol et qui compromet notre identité, c’est à un antagonisme de civilisation qu’elle conduit. Le problème ne vient pas de la nationalité des migrants ou de celle des populations chez qui ils s’installent. Peu importe que ce soient des Tunisiens, des Turcs ou des Soudanais ! Peu importe qu’ils se rendent en France, en Allemagne ou en Italie ! Le problème vient de ce qu’ils appartiennent à la civilisation islamique ou africaine et qu’ils s’implantent dans des pays de civilisation européenne et chrétienne !

Et cette réalité, chacun la vit au quotidien. Car ces migrants qui nous imposent leur présence quasiment de force, nous sont totalement étrangers. Avec eux, nous ne partageons rien, nous n’avons pas la même religion, ni les mêmes racines, ni les mêmes valeurs, ni le même mode de vie. Une configuration qui crée sur notre sol un antagonisme civilisationnel, un choc des civilisations entre la nôtre et la leur.

Or, cet antagonisme ne se limite pas à notre pays, il a aussi une dimension mondiale. Le choc des civilisations n’est pas seulement une réalité liée à l’immigration, c’est aussi une donnée géopolitique de première importance qui résulte de la dimension multipolaire du monde dans lequel nous vivons.

Car notre planète n’est plus structurée comme autrefois par l’affrontement entre l’Est et l’Ouest, entre le bloc soviétique et le camp américain. À l’époque, l’antagonisme était d’ordre idéologique et géopolitique mais il n’y avait pas de choc des civilisations car les deux camps étaient l’un comme l’autre dominés par des peuples européens ou d’origine européenne.

Puis en 1989, avec la chute du mur de Berlin, tout a basculé. Les Américains qui avaient vaincu leur rival ont cru un moment que le monde allait devenir unipolaire sous leur imperium. Peut-être d’ailleurs le croient-ils encore. Mais rien de tel ne s’est produit.

Car entre-temps, servies par la mondialisation, d’autres puissances ont émergé. Des pays, qualifiés autrefois de sous-développés, ont acquis une puissance considérable et se sont imposés sur la scène mondiale. Si bien qu’aujourd’hui le monde est dominé par quelques grands blocs quasi continentaux, dotés d’une population nombreuse et d’une puissance économique, militaire et politique en pleine expansion.

Il y a la Chine, qui est en passe de devenir la première puissance mondiale. Il y a le Japon et l’Inde. Il y a toujours les États-Unis. Il y a aussi le monde musulman qui certes n’est pas structuré sur un territoire unique avec un État central, mais qui s’affirme avec force, soudé par l’Oumma, la communauté des croyants musulmans. Et puis il y a aussi l’Amérique du Sud et l’Afrique avec sa démographie terrifiante.

Toutes ces puissances nouvelles arborent avec fierté leur identité, leurs valeurs, leur histoire, leur religion, bref leur civilisation et elles ne le font pas avec bienveillance pour les Européens. Car toutes ont été, à un moment ou à un autre de leur histoire, dominées par l’Europe. Et toutes sont animées d’une volonté de revanche à l’égard de leurs anciens maîtres. Toutes veulent s’imposer, dominer, humilier, voire tuer ou détruire comme semble le vouloir une partie du monde islamique.

Car, qu’est-ce que le terrorisme islamique, sinon l’une des formes les plus violentes du choc des civilisations ? Et qu’est-ce que la concurrence sauvage que nous impose la Chine si ce n’est une guerre économique sans merci et une autre forme également agressive du choc de civilisation ?

Mesdames, Messieurs, chers amis, ne nous y trompons pas, la plupart des maux que nous endurons viennent de l’agression que subit notre civilisation sur notre sol comme à l’échelle du monde.

Une agression d’autant plus dommageable que nos dirigeants semblent l’ignorer complètement. Ils l’ignorent s’agissant de l’immigration. Ils l’ignorent s’agissant du terrorisme islamique. Ils l’ignorent s’agissant de la guerre économique. Ils l’ignorent s’agissant des antagonismes géopolitiques.

Résultat : dans ce monde multipolaire et dangereux, l’Europe reste là, faible, décadente et divisée. Politiquement éparpillée, sans force armée conséquente, progressivement dépossédée de son appareil industriel, rongée par la haine d’elle-même et la repentance, elle ne se préoccupe que de moralisme et de bien-pensance. Et comment en serait-il autrement, avec des dirigeants qui réduisent l’identité de l’Europe à de prétendues valeurs comme le refus des discriminations ou le vivre ensemble ?

Et là est le cœur du mal qui nous frappe. Là se situe le funeste moteur de notre déclin. Notre civilisation subit une attaque en règle aussi bien chez nous qu’à l’échelle internationale et les dirigeants qui devraient nous protéger refusent de prendre en compte cette réalité et s’interdisent de nous défendre.

Et c’est pour pallier cette scandaleuse déficience que la France et l’Europe ont besoin d’une grande force de droite. Face à la trahison du Système, il faut qu’une droite nouvelle se dresse pour assurer la défense de ce que nous sommes et proposer une voie qui soit à la hauteur des enjeux du monde aujourd’hui.

Et pour ouvrir cette voie, il faut répondre à deux impératifs.

Le premier est d’ordre idéologique et concerne notre identité.

Avec cette affirmation fondamentale que notre identité n’est pas seulement nationale, elle est civilisationnelle. Elle n’est pas seulement française, elle est européenne.

Et il ne s’agit pas là d’un constat intellectuel qui pourrait paraître banal, il s’agit d’une réalité qui doit devenir l’objet d’un combat politique. Il faut en effet donner corps à cette réalité sur le plan juridique mais aussi sur le plan affectif. Et d’abord il faut que les Français et les autres peuples européens en prennent pleinement conscience.

Certes l’appartenance à notre nation est capitale car elle est une part de nous-mêmes. Une part qui définit notre place dans l’espace et dans le temps. Une part sans laquelle nous serions des orphelins déshérités. Une part dont nous pouvons être fiers car notre identité française est d’une richesse exceptionnelle.

Pour autant notre identité européenne est aussi une réalité forte et brillante qui vient compléter et amplifier ce que nous apporte notre nation. Et cette réalité doit maintenant être explicitée, reconnue, affirmée et brandie. Elle doit faire partie de notre discours. Elle doit être intégrée à nos propositions.

Dans cet esprit il faut maintenant militer, au-delà de la préférence nationale, pour une préférence civilisationnelle qui donne la priorité aux nationaux mais aussi aux Européens. Il faut également, au-delà du patriotisme français, œuvrer à l’émergence d’un patriotisme européen qui en plus de la fierté nationale exalte aussi celle d’appartenir à notre civilisation européenne et chrétienne.

Alors je sais qu’en lançant ces mots d’ordre, je risque de choquer certains d’entre vous. Mais réfléchissez bien : on ne peut pas nier la réalité de notre identité européenne. Et d’ailleurs je vous pose la question : la distance qui nous sépare, nous autres Européens, des Chinois, des Indiens ou des Arabes, n’est-elle pas bien plus importante que ce qui nous distingue, nous les Français des Italiens, des Allemands ou des Polonais ?

Et quand je parle de patriotisme européen, n’y a-t-il pas en effet de quoi être fier de notre commune civilisation européenne ? N’est-ce pas elle qui a le plus apporté à l’humanité ? N’est-ce pas elle qui a façonné le monde ? Ne s’est-elle pas illustrée dans tous les domaines qui élèvent l’esprit humain ? Au fond n’est-ce pas la plus grande et la plus belle des civilisations ?

C’est pourquoi il serait criminel de la laisser affaiblie, soumise sans défense aux attaques des nouvelles puissances d’aujourd’hui. Car dans le monde multipolaire qui est maintenant le nôtre, toutes les civilisations sont portées par une puissance politique. Toutes sauf la civilisation européenne.

Et cette absence politique de l’Europe sur la scène mondiale est terriblement dangereuse. C’est pourquoi, je le dis, on ne peut pas continuer à laisser l’Europe impuissante et vulnérable subir passivement le choc des civilisations.

Et là encore, il faut qu’une droite nouvelle se dresse et ouvre la voie avec un second impératif, d’ordre politique cette fois.

Il faut ériger l’Europe en un pôle de puissance !

Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire qu’il faut créer une Union nouvelle, radicalement différente de l’organisation bruxelloise. Une Europe qui rendrait aux États l’essentiel de leurs prérogatives ordinaires et qui se libérerait de toutes les structures bureaucratiques de Bruxelles. Une nouvelle Europe qui serait dirigée, selon le principe confédéral, par les seuls États membres et qui, forte de cette direction allégée, transparente et respectueuse des nations, se consacrerait exclusivement à l’essentiel, c’est-à-dire à l’identité, à l’indépendance et à la puissance collective des peuples européens.

Cette Europe-là aurait pour mission de protéger ses frontières et de stopper l’immigration, de réguler les échanges économiques avec le reste du monde et de réindustrialiser le continent, de faire de l’euro une monnaie de change et de réserve qui serve l’Europe comme le dollar sert les États-Unis. Cette nouvelle Union serait aussi dotée d’une Alliance militaire européenne qui libèrerait l’Europe de l’Otan et de la tutelle américaine. Car il s’agirait dorénavant de traiter d’égal à égal avec les États-Unis et de nouer une alliance stratégique avec la Russie. Bref, il s’agirait de rendre à notre civilisation son autonomie, sa force et son rayonnement.

Et là je le sais, certains d’entre vous doivent s’étonner à nouveau et peut-être même s’irriter de mon propos. Mais je les rassure : je suis comme eux nostalgique de l’époque où la France disputait à la Grande-Bretagne la suprématie sur le monde. Je regrette que notre pays ne soit plus une puissance planétaire capable de s’imposer, de se faire respecter et de décider seule, pour elle et pour les autres. Je le déplore mais je le sais, ce monde n’existe plus. On peut en avoir le regret, mais on ne peut pas résoudre les problèmes d’aujourd’hui avec la nostalgie des siècles écoulés.

Alors, certains pourraient me répondre : « Mais si la France redevient souveraine, tout redevient possible ». Hélas, ce n’est pas vrai. Car la France seule serait aujourd’hui impuissante et la souveraineté sans la puissance n’a pas de sens. La souveraineté sans la puissance, voyez-vous, c’est comme un droit sans la force pour le faire respecter. C’est beau sur le papier mais ça ne sert à rien dans la réalité.

Regarder le Burkina Faso (pays africain, capitale : Ouagadougou). Juridiquement cet Etat est plus souverain que la France, et pourtant il ne maîtrise pas son destin comme notre pays peut encore le faire un tant soit peu.

Non ! Le souverainisme est une fausse bonne idée. D’ailleurs c’est une démarche purement institutionnelle alors qu’en politique ce qui compte le plus ce sont les idées et les hommes qui les portent.

Tenez, prenez le Brexit. Beaucoup se sont réjouis de la décision des Britanniques. Et moi aussi car c’était une pierre dans le jardin du Système. Mais le vote des Britanniques était plus le symptôme d’un malaise qu’une voie d’avenir.

D’ailleurs, voyez ce qui se passe maintenant en Grande-Bretagne : ils s’en prennent aux travailleurs polonais ainsi qu’aux autres ressortissants de l’Union, mais ils continuent de se laisser submerger par une immigration extra-européenne en provenance du Commonwealth au point d’élire un musulman comme maire de Londres.

Et le Frexit ne serait pas mieux. Imaginez que la France sorte de l’Union à la suite d’un référendum, mais qu’elle reste dirigée par les hommes du Système. Ça ne changerait rien ! Tout continuerait comme avant. Ils laisseraient entrer toujours autant d’immigrés. Notre industrie subirait une concurrence internationale toujours aussi déloyale. Quant à la bureaucratie, on peut faire confiance à l’administration française pour faire aussi mal que celle de Bruxelles.

En revanche, prenez les personnalités présentes à la tribune et mettez-les à la tête de la Commission de Bruxelles, eh bien, croyez-moi, tout changerait avant même d’avoir modifié une virgule dans le texte des traités.

Non, le souverainisme à l’échelle de la France qui laisserait notre pays seul, vulnérable et impuissant, ce n’est pas une solution adaptée au monde multipolaire d’aujourd’hui.

De même l’Europe de Bruxelles qui détruit la souveraineté des États sans créer de souveraineté européenne, ce n’est pas non plus une solution appropriée face au choc de civilisation.

La solution novatrice c’est l’Europe puissance qui apporte une réponse à tous les antagonismes civilisationnels que nous subissons.

De plus, et cet aspect n’est pas à négliger, ce projet d’Europe puissance renouvellerait profondément le discours de la droite sans pour autant mettre en cause ses fondamentaux en termes d‘identité et de valeurs.

Avec cette ligne politique la droite réconcilierait construction européenne et défense de notre identité. Pour la première fois elle aurait un projet qui s’enracinerait dans la fidélité à nos valeurs mais qui, dans le même temps, répondrait aux réalités du monde aujourd’hui.

Le projet d’Europe puissance, c’est pour la droite la synthèse féconde entre tradition et modernité.

La droite se trouverait dès lors en position de force sur l’échiquier politique. Car avec un projet aussi audacieux, aussi novateur, elle ne pourrait plus être accusée d’être passéiste ou ringarde. C’est elle au contraire qui pourrait déstabiliser ses adversaires en les plaçant en contradiction avec eux-mêmes : « Vous prétendez vouloir l’Europe, mais pourquoi votre Europe se soumet-elle aux États-Unis ? Pourquoi votre Europe n’assure-t-elle pas elle-même sa défense ? Pourquoi votre Europe ne protège-t-elle pas notre industrie comme le font les Américains ou les Chinois ? »

Avec cette ligne civilisationnelle et européenne, la droite trouverait la crédibilité gouvernementale et le positionnement à la fois moderne et antisystème qui lui sont nécessaires pour répondre aux défis du siècle. Elle pourrait alors retrouver une dynamique de succès et assurer enfin sa mission au service de notre peuple et de notre civilisation.

Cela étant dit, j’entends déjà l’objection : tout ça c’est bien beau mais ce projet, c’est impossible.

Eh bien non, ce n’est pas impossible, c’est nécessaire !

Et si c’est nécessaire, il y a une voie pour le rendre possible et, je vous l’affirme, cette voie existe.

D’abord si ce projet paraît impossible, c’est uniquement parce que tout le monde le considère comme tel. Et cette unanimité n’est pas un hasard, elle a été forgée par le Système. Le Système qui naturellement est foncièrement hostile à l’Europe puissance. Et il a si bien réussi à l’occulter que personne ne le propose. Selon la pensée unique, il n’y aurait en effet qu’une seule alternative : ou on soutient l’Europe de Bruxelles ou on milite pour la sortie de l’Union.

Mais la réalité c’est précisément qu’il y a une autre voie qu’il nous faut maintenant faire connaître. Et telle devrait être la démarche de la droite : il faut qu’elle se fasse le héraut de cette Europe puissance. En politique, avant de se concrétiser, un projet doit d’abord exister par le verbe. La droite doit donc porter cette ligne politique nouvelle et en assurer la promotion.

Ensuite, imaginez que demain la France, gouvernée par la droite, se fasse officiellement le champion de ce projet. Elle pourrait alors rallier d’autres pays comme ceux du pacte de Viesgrad qui sont attachés à la défense de notre civilisation. Et, portée par un tel rassemblement de nations, le projet d’Europe puissance deviendrait vite une option politique réaliste et sérieuse.

Et si ensuite ce groupe d’États faisait campagne pour convaincre les opinions publiques européennes, là encore cela changerait rapidement la donne. Car ma conviction est qu’un tel projet correspond à ce qu’attendent secrètement les peuples d’Europe. Ils ne le savent pas eux-mêmes parce qu’ils sont inhibés par la pensée unique. Mais si plusieurs chefs d’État et de gouvernement leur proposaient de renouer avec leur identité collective, de retrouver la fierté de ce qu’ils sont, de connaître à nouveau les effets bénéfiques de la puissance et de renouer ainsi avec le fil de leur histoire, croyez-moi, tout deviendrait possible.

Alors c’est vrai, nous sommes encore loin du but. Mais ce qui est important à l’heure actuelle c’est qu’il y a bien une voie, il y a une perspective, il y a un avenir et c’est précisément ce que la droite doit apporter à notre peuple. On ne peut plus se contenter de présenter des mesures pour améliorer la vie quotidienne des gens. C’est important mais ce n’est pas suffisant. La politique ce n’est pas seulement définir les prestations qu’on va verser aux uns et les impôts qu’on va exiger des autres. La politique c’est aussi de se préoccuper de la communauté qu’ils forment et d’ouvrir des perspectives d’avenir, d’accomplir des ambitions collectives, bref de mettre en mouvement un peuple et ce faisant de lui rendre confiance, fierté, espoir et force.

Aujourd’hui la droite, qu’elle soit républicaine ou nationale, est en plein désarroi et s’enlise dans les questions du quotidien et les débats politiciens.

Si elle veut se relever, elle doit entreprendre une grande rénovation idéologique et, dans la fidélité à nos valeurs, elle doit porter une vision d’avenir pour notre civilisation.

En clair, le moment est venu pour elle de faire bouger les lignes et d’incarner ce projet identitaire européen.

Un projet grandiose car l’Europe dont nous parlons c’est 500 millions d’hommes et de femmes, c’est un potentiel économique équivalent à celui des États-Unis. Alliée à la Russie c’est près de 700 millions d’âmes, un territoire immense, des ressources à profusion et une civilisation toujours brillante.

L’Europe confédérale dont nous parlons pourrait devenir une puissance de premier plan capable de rivaliser avec les plus grands, capable de contester sa première place à la Chine. Capable en tout cas de redonner à notre civilisation son ascendant sur la planète.

Chers amis, nous sommes à la croisée des chemins : ce sera le déclin ou le renouveau. Et le renouveau c’est le projet d’Europe puissance, celui qui sauvera notre identité et nos valeurs, celui qui redonnera à notre civilisation sa place dans l’histoire et dans le monde.