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Ce dimanche 8 avril, le parti de Viktor Orbán a largement remporté les élections législatives, avec 48.8% des suffrages. Ce soutien populaire massif le place très loin devant ses concurrents, puisque la seconde formation ne totalise que 19.54% des voix. Le succès de Viktor Orbán, qui sera donc Premier ministre hongrois pour la troisième fois consécutive depuis 2010, tient en particulier à sa politique dans le domaine de l’immigration et de l’identité. À l’origine issu du centre droit, il est, en quelque sorte, un Nicolas Sarkozy qui n’aurait pas trahi ses promesses.

Après avoir subi le joug communiste pendant un demi-siècle, la Hongrie a tenu, à la chute de l’URSS, à combler son retard économique et social. Le mot d’ordre fut de prendre l’Europe de l’Ouest pour modèle, sa démocratie libérale incluse. Jusqu’en 2012, la Hongrie libérée fonctionnait sur la base de sa constitution de 1949, largement modifiée en 1989. Cette révision était un rêve pour les progressistes : dépouillée de toute notion de continuité historique, purement technique et déracinée, elle aurait pu être appliquée sans distinction à n’importe quel peuple.

Mais les Hongrois ne sont pas n’importe quel peuple. Leur histoire a fait que leur nation et leur peuple se sont construits dans la lutte, contre la domination autrichienne, contre l’occupation islamique de la Turquie ottomane, et enfin contre la tyrannie communiste. Habitués à souffrir sans jamais baisser la tête ni oublier qui ils étaient, les Hongrois ont acquis dans la douleur une identité à laquelle ils sont viscéralement attachés.

La révision de la constitution en 1989 stipulait son caractère « provisoire ». En 2011, après son élection sur un programme de droite forte, Viktor Orbán fait enfin voter une nouvelle constitution, la « Loi Fondamentale de la Hongrie ». Elle grave dans le marbre le caractère de cette identité hongroise, qui s’ancre dans la civilisation européenne en déclarant notamment dans le premier paragraphe : « que notre peuple, au cours des siècles, a défendu l’Europe en combattant, qu’il a développé les valeurs communes de celle-ci avec soin et talent »

Chez les Hongrois, cette appartenance charnelle à l’Europe, à cette communauté de destins entre peuples frères, n’est pas un vain mot. C’est fort de cette conviction que Viktor Orbán brave la doxa d’une Union européenne qui nie patrimoine historique et identités, qui a refusé d’inscrire la mention des racines chrétiennes de l’Europe dans sa constitution. C’est parce que la Hongrie avait conscience de ce qu’est l’Europe, de ce qu’elle a été et de ce qu’elle risque de devenir, qu’elle a osé construire un mur à sa frontière pour bloquer l’afflux de « migrants » clandestins.

Les propos tenus par Orbán depuis quelques années choquent, à l’Ouest, les partisans de la pensée unique et du politiquement correct. À ses yeux, et il le déplore, l’Europe occidentale est devenue une « zone immigrée, un monde à la population mixte qui prend une direction différente de la nôtre ». Parce qu’il possède et défend cette vision civilisationnelle, il assume son devoir face à l’Histoire, qui est de dire la vérité : « Nous sommes confrontés à une migration de masse, qui menace de balayer notre ordre et notre mode de vie ».

Ce que Viktor Orbán dénonce, ce que les Hongrois refusent, c’est le remplacement de population. Ce à quoi ils sont attachés, c’est un ensemble de valeurs communes et la préservation des traditions et des peuples européens. D’aucuns diraient même : la préservation d’une tradition et d’un peuple européens.

C’est ce que les bureaucrates de l’Union européenne ne supportent pas. Comme l’explique Frank Furedi, universitaire britannique, dans son livre Populism and the European Culture Wars: The Conflict of Values between Hungary and the EU, l’Union européenne cherche à mater la Hongrie qu’elle perçoit comme une menace existentielle. En refusant, après y avoir goûté, l’ordre de la démocratie libérale à l’occidentale, en prônant une « démocratie illibérale » qui fait passer la Hongrie avant les autres, et l’Europe avant les autres, en affirmant le droit des Européens à rester eux-mêmes, Viktor Orbán pose une question à laquelle l’Union européenne ne peut pas répondre : quelles sont ses valeurs ?

Elles sont si abstraites – universalisme, libre-échange, Droits de l’Homme – qu’elles ne peuvent pas constituer une base stable sur laquelle développer un projet politique, car aucune entité, ni homme ni nation, ne peut s’y reconnaître au risque d’y perdre son identité propre. La seule chose qui rassemblait les dirigeants de l’UE, c’était leur passion fade pour les courbes de croissance et leur mépris des traditions dicté par un ethnomasochisme irrationnel. Ils sont à l’opposé des peuples qu’ils gouvernent, et qui commencent à regarder avec envie cette Europe centrale qui ne se renie pas, qui refuse de se dissoudre dans la mondialisation qui les déplace, dans l’immigration de masse qui les remplace et dans l’islamisation qui les menace.

Mais l’ère de ces dirigeants déconnectés est datée. L’Union européenne est un outil, une structure aujourd’hui utilisé contre les peuples, par des déconstructeurs qui rêvent d’une société uniformisée, hors-sol et métissée. Et, bien qu’ils se défaussent souvent hypocritement sur elle, ce sont les chefs d’État qui choisissent la direction qu’elle doit prendre. Avec l’avènement d’homme politiques du calibre de Viktor Orbán, attachés à leurs racines et à la préservation de leurs peuples, l’Union européenne réformée peut être la voie qui permettra aux Européens de se saisir de leur destinée commune, face aux mêmes périls, contre les mêmes ennemis.

Et, partout, ces individus émergeront. Des chefs, des capitaines, des hommes dotés d’une vision remplaceront les petits boutiquiers, détaillants de la mondialisation, qui nous gouvernent depuis des décennies. En Pologne, en Autriche, ou tout récemment encore en Italie, des individus soulèvent les masses en disant « non ».

Parce que l’immigration les menacera chaque jour un peu plus dans leur Être profond, les peuples européens refuseront de se laisser effacer, et le diront de plus en plus fort. Parce qu’ils formeront un électorat croissant, des politiciens sur le modèle Orbán, audacieux et ayant la volonté de préserver ce qui fait de nous ce que nous sommes, recevront un soutien toujours plus important.

C’est à nous de porter au pouvoir des dirigeants qui sauront donner à l’Europe une autre orientation, au service des intérêts des Européens. Vers une Europe puissance. Vers une Europe ancrée dans ses traditions. Vers une Europe tournée vers l’avenir.

Vers une Europe de civilisation.

Thierry Dubois