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À la chute de l’URSS en 1991, les prophètes de l’Occident (au premier rang desquels Francis Fukuyama, dans son célèbre La Fin de l’Histoire et le Dernier Homme) l’avaient bien annoncé : le processus historique était achevé. Désormais, toutes les nations du monde se rangeraient, pour leur plus grand bien, dans le modèle démocratique, social-libéral, droitsdelhommiste. Et pour les autres, les réfractaires, ce n’était plus qu’une question de temps avant que les archaïques préoccupations stratégiques, identitaires ou économiques (en un mot, politiques) ne laissent place au doux refrain du marché global, du multiculturalisme et de la gouvernance bienveillante de l’ONU.

Mais cette prophétie ne s’est pas réalisée ; les signes indiquant au contraire un retour fracassant de la compétition éternelle entre les civilisations n’ont pas tardé à apparaître. La guerre de Yougoslavie d’abord, le 11 septembre ensuite, sans oublier les vagues d’attentats débutant en 2012 ou la crise des réfugiés de 2015. Le dernier épisode en date, c’est bien entendu l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Au-delà des motivations respectives de chacun des acteurs impliqués ou de savoir si l’agression russe est légitime, il importe surtout d’en tirer une leçon simple : un peu partout, le règne de la gestion s’efface, alors que celui de la Grande Politique fait son retour. Le XXIe siècle ne sera pas celui des négociations interminables entre bureaucrates déracinés ni celui des slogans sentimentalistes ou de l’assistance sociale à des minorités (LGBT et autres immigrés pétris de ressentiment) motivées par la vengeance ou la pulsion de mort. Les mots d’ordre du siècle à venir seront « identité », « puissance » et « réalisme ».

Si l’Europe ne veut pas terminer dans les poubelles de l’Histoire, il est temps de procéder à une rupture radicale avec les vieux refrains dégoulinants du progressisme pour pouvoir s’armer (d’abord moralement et intellectuellement) face aux dangers qui surgissent, affirmer notre identité et défendre nos intérêts. Les dirigeants européens feraient bien de ne pas oublier une chose : ce n’est pas parce que vous avez décidé que le monde entier était votre ami que ce sentiment est réciproque. À partir du moment où l’ennemi vous a désigné comme tel, vos choix se résument à la fuite, à la soumission ou au combat – mais ce qui est certain, c’est que les bons sentiments ne sont pas une solution.

Clément Martin

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