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TF1 a annoncé que la soirée électorale du premier tour des présidentielles ne durera qu’une fraction de sa durée habituelle et que sera diffusé dès 21 h 20 le film de Jean-Marie Poiré, Les Visiteurs. Cette annonce est moins anecdotique qu’il n’y paraît.

Dépolitisation et passivité politique

Ce choix témoigne tout d’abord de la dépolitisation tendancielle de la société française : l’époque où les élections constituaient un moment collectif national majeur est terminé. La vie politique est désormais un aspect tout à fait mineur de l’existence du citoyen français lambda ; les taux d’abstention croissants constatés à chaque élection le démontrent.

Selon un rapport publié par l’Institut Jean Jaurès, c’est la notion même d’ « engagement politique » qui est en crise. Les chiffres publiés sont des plus instructifs : l’engagement est perçu comme « l’implication pour une cause » par seulement 14 % des interrogés, alors même qu’une majorité de Français considère l’engagement comme quelque chose de positif, et que 63 % se considèrent eux-mêmes comme engagés. Ce paradoxe a pourtant une explication élémentaire : s’engager, aujourd’hui, ne consiste pas à participer de façon collective à la défense d’une cause ou d’un idéal par l’intégration à une organisation, mais a beaucoup plus à voir avec le fait de simplement croire en quelque chose. Autrement dit, il suffit d’avoir une opinion sur un sujet pour se considérer comme engagé ; ce qui compte, c’est moins ce que l’on fait concrètement que ce que l’on pense. Or, l’action politique est précisément la façon dont on change les choses en agissant de façon concrète et régulière. Se retrancher dans le royaume des opinions personnelles constitue bien une démission du politique de la part du peuple français.

Le macronisme comme démoralisation politique

Si l’abandon de l’engagement et de l’intérêt pour la vie politique en général sont des tendances lourdes en France, constatées depuis plusieurs décennies, difficile de ne pas analyser l’ère macroniste de notre pays comme une période d’accélération de ce désaveu pour le politique.

Toute l’histoire de l’arrivée au pouvoir, puis du règne de la macronie, est celle d’une caste politique dépolitisée comme jamais : les déclarations vides du candidat-ministre Macron font écho à ses propositions creuses de candidat-président ; les Marcheurs membres de la société civile qui ont accédé aux responsabilités politiques se sont rapidement distingués par leur ignorance, leur manque de culture, la vacuité de leur langage et leur conformisme étouffant. Mais cette dépolitisation s’est accompagnée d’une pratique du pouvoir hégémonique, ne reculant devant aucun recours pour asseoir sa domination. Électorat gérontocratique de bourgeois retraités et de parvenus, Parlement intégralement soumis à la volonté du parti, médias aux ordres, répression délirante contre tous les adversaires politiques qui ont le malheur de bouger un peu trop (Gilets jaunes, Génération identitaire, etc.), le macronisme fut sans conteste l’avènement d’une « dictature centriste » au sommet de l’État.

Mais cette dictature s’évertue par tous les moyens possibles à faire rentrer au forceps dans la conscience des Français que rien ne pourrait jamais changer – mondialisation, immigration, progressisme, démission internationale : toute l’Histoire de France est écrite par avance.

Alors, à quoi bon parler des élections, puisque son résultat en est déjà garanti ? Pourquoi donner un temps de parole à des réfractaires et des populistes, incapables d’apprécier la virtuosité du Mozart de la politique française ? Face à la « mort tiède » de la vie politique française, il faut placer nos espoirs dans un électrochoc. N’importe lequel.

Clément Martin

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