Le dimanche 14 octobre prochain se dérouleront les élections communales et provinciales belges. L’occasion pour les Belges d’élire leurs représentants locaux. Sans surprise, c’est la NVA (Nieuw-Vlaamse Alliantie – Nouvelle Alliance flamande) qui dominera le scrutin coté flamand même si ce parti conservateur connait une baisse dans les sondages au profit de son concurrent, plus identitaire celui-là, le Vlaams Belang. À noter également une poussée du parti Groen, le parti écologiste de gauche. Autre bouleversement dans ce rendez-vous électoral : selon une étude de l’université de Gand menée par Bram Wauters, professeur de sciences politiques, le nombre de candidats issus de l’immigration a fortement augmenté cette année par rapport aux scrutins de 2012 et de 2006. Ils représenteraient 14,3% des candidats aux élections communales, contre 9,5% en 2012 et 6,7% en 2006 avec une forte augmentation dans les villes touchées par l’immigration massive comme Anvers (+8,6%) et Gand (+7,2%).
Attaquée de toutes parts par ses concurrents dans médias belges, la NVA a récemment contre-attaqué en diffusant un reportage sur sa page Facebook démontrant que plusieurs candidats des partis « progressistes » (libéraux, chrétien-démocrates, écologistes), justement issus de l’immigration, affichent leur sympathie pour le nationalisme turc. Réponse du berger à la bergère qui a le mérite de démontrer l’hypocrisie des partis toujours prompts à dénoncer le nationalisme seulement chez ses adversaires. Mais ce n’est pas le seul enseignement de cette affaire.
Car le nationalisme turc, ou plutôt le néo-ottomanisme, a clairement changé de stratégie. À défaut de vouloir changer la Turquie pour intégrer l’Union européenne, le Sultan Erdogan a désormais la volonté de déstabiliser les pays européens par le biais de la diaspora turque, importante en Occident. Il en va de même pour les Frères musulmans en France et plus généralement l’internationale islamiste en Occident. Engager ses partisans dans les instances politiques, même les plus locales, c’est s’assurer une influence sur un continent sans défenses identitaires. Les progressistes se félicitent de la présence toujours plus grande des immigrés dans la vie politique, mais ne voient pas l’entrisme de minorités politico-religieuses qui, elles, ont une vision du monde et une stratégie du temps long. Quand le sage désigne la lune, l’idiot regarde le doigt.
Si la gauche se réjouit pour l’instant de la diversité accrue de l’origine de ses candidats, elle commence néanmoins déjà à subir ses premiers effets secondaires. En France, les revendications indigénistes commencent à scinder Les Insoumis après avoir fait exploser le NPA. Ce mariage de la carpe progressiste et du lapin communautariste, ne peut mener la gauche que vers la division. Un intermède troublé qui durera jusqu’au remplacement total des gauchistes à l’ancienne, submergés par le nombre et le déplacement du curseur politique vers la préoccupation majeure du XXIe siècle, la question identitaire.