Eric Piolle, maire de Grenoble, annonçait au début du mois que le foie gras serait banni des événements locaux et des cantines scolaires. Sa déléguée à la condition animale, dont l’existence prouve le succès de la progression antispéciste au sein d’EELV, estimait que le foie gras n’est « pas une tradition française, mais plutôt une honte française »[1]. Après le « sapin » artificiel de Bordeaux (couronnement de la polémique de l’an dernier sur « l’arbre mort), c’est le tour de Grenoble. Les mairies EELV sont le laboratoire des expérimentations politiques les plus outrancières. La prise en otage des cantines est particulièrement révélatrice d’une dérive totalitaire. Quant au parti de Yannick Jadot, il constitue le refuge des marginaux en tout genre. Qui aurait pu imaginer, il y a dix ou quinze ans, que l’animalisme pouvait prendre le pouvoir dans une grande ville ? C’était inconcevable.
L’écologisme a réussi le tour de force de se mettre à dos les éleveurs et de manière générale, tous ceux qui travaillent avec des animaux. L’écologisme officiel, partisan, celui d’EELV, s’est coupé du monde rural et de la nature. Sa sociologie électorale (jeunes et moins jeunes bobos urbains) le pousse vers une surenchère de propositions toutes plus déconnectées du réel. EELV porte un regard muséifiant sur la nature, celle-ci serait une sorte de miracle incréé, l’objet d’une religion qui met à distance la faune et la flore des humains. Sauf que l’on n’a pas trouvé mieux, pour rapprocher les gens de la nature, que d’y faire travailler les hommes.
Tout se passe comme si EELV avait renoncé au combat traditionnel des écologistes contre les multinationales et le libre-échange. Leur objectif est de provoquer des changements de société de façon autoritaire en pénalisant les producteurs traditionnels et leurs clients, c’est-à-dire la base de la société, celle-là même qui subit la tiers-mondisation de notre économie par le mondialisme. Ne reste de l’écologie que les bons sentiments érigés en arrêtés municipaux.
L’alternative est l’écologie identitaire. Pléonasme, en réalité, car l’écologie est depuis le 19e siècle la science des relations entre les êtres, leurs interactions, l’impact des uns sur les autres… L’écologie politique devrait en être la traduction en termes de propositions concrètes. Pour améliorer notre cadre naturel de vie, défendre nos terroirs et la prospérité cohérente des territoires, gage d’enracinement pour les futures générations : promesse de survie de notre identité. Relocalisation du travail (donc des hommes, impliquant l’arrêt de l’immigration et la remigration), valorisation du patrimoine architectural (pays de tuile, d’ardoise, de colombages, etc.), enseignement de la culture classique du primaire à la Terminale (ces auteurs grecs et latins qui ont promu la sobriété comme source du bonheur), baisse de la fiscalité sur les PME et les entreprises familiales… Voilà quelques pistes pour redonner à l’écologie politique ces lettres de noblesse.
Mais il faut, pour cela, acter que les hommes, comme les oies et les phoques, ont aussi un écosystème à sauvegarder : leur pays, son histoire, sa géographie, ses langues, son visage… L’écologie politique, si elle n’est pas identitaire, n’est plus qu’un mauvais remake du marxisme, opposant le « dominant » carnivore au « dominé » animal. L’écologie doit cesser d’être sentimentale pour devenir véritablement politique et servir le Bien commun, à commencer par celui des Français.
[1] 2 décembre 2021, https://www.valeursactuelles.com/regions/auvergne-rhone-alpes/isere/grenoble/societe/une-honte-francaise-la-mairie-ecolo-de-grenoble-bannit-le-foie-gras-de-ses-evenements-et-des-cantines