« Nos dirigeants sont passés à côté d’un phénomène de masse qui compromet gravement l’avenir du pays, écrit Pierre Vermeren : la perte de confiance, d’estime, de motivation, pour tout dire de pulsion vitale, de millions de jeunes hommes. Il y a belle lurette que de jeunes Français n’ont plus gagné le Tour de France et que nos équipes professionnelles de football sont en grande partie peuplées de jeunes étrangers chargés d’animer nos stades » (Le Figaro, 14 septembre 2021).
La dévirilisation, qui est l’un des sujets les plus prisés au sein de la jeune droite, n’est qu’une manifestation d’un problème plus profond, pointé du doigt par Pierre Vermeren : le peu d’appétence pour la vie des jeunes Français. Les jeunes Français, particulièrement touchés par le chômage, sont en bien mauvaise posture historique. A l’heure de la culpabilisation féministe et du privilège blanc admis comme « un fait » par Emmanuel Macron, être un jeune Blanc n’est pas le meilleur plan carrière dont on puisse rêver en Europe.
Bien sûr, la chasse n’est pas ouverte de façon explicite. Mais c’est ainsi que les dynamiques sociales se matérialisent : par exclusion progressive. On commence en proposant d’autres modèles : le marginal, homosexuel, métis ou autre membre d’une minorité quelconque. La valorisation de la marginalité est l’un des plus grands bouleversements civilisationnels. Autrefois, la méfiance sociale à l’égard d’une personne « différente » était grande. L’instabilité mentale n’était pas une qualité, on s’en méfiait légitimement, sans qu’il y ait pour autant persécution. Pour la première fois dans l’histoire européenne, le modèle sociologique dominant (blanc, hétérosexuel) et qui incarne l’avenir (la jeunesse) est rejeté globalement. Au profit d’une quête de l’éternelle jeunesse qui est plus un fantasme de vieux bobo que de jeune ancré dans le réel.
A l’atmosphère woke qui pourrit notre pays, se joint un sacrifice de l’intelligence à l’école. Celle-ci a fait faillite, c’est bien connu, par des méthodes inadaptées, idéologiques, mais l’idéologie brute, sans fard, s’exprime à visage découvert dès l’école primaire, en promouvant ce qui était autrefois jugé « anormal », parce qu’infécond. Il ne s’agit pas ici de défendre l’idée du bouc émissaire, nul bûcher à rallumer, encore moins d’autodafé. Le problème n’est pas tant la liberté des marginaux mais la dévalorisation des « normaux ». D’autre part, l’échec de l’orientation scolaire, l’absence de sélection à l’Université et, plus tard, le racket fiscal, convergent pour éloigner le jeune Français de son propre pays.
La lutte contre « l’islamo-gauchisme » à la fac’, certes nécessaire, ne suffira pas redonner espoir à la jeunesse française. Pour savoir où l’on va, encore faut-il savoir d’où l’on vient. C’est l’amnésie identitaire qui est l’origine la plus profonde de ce mal-être. La persistance d’une identité de terroir, d’une communauté de quartier, d’une appartenance sociale valorisée par des savoir-faire (instituteur, prêtre, avocat, notaire, artisan boulanger, etc.) formait auparavant le cadre vital à l’équilibre psychologique du jeune Français. Ce modèle a éclaté dans une société de services où la polyvalence est prisée, où les compétences sont plus « liquides », interchangeables.
Le jeune Français ne doit pas seulement défier le grand remplacement et le féminisme intersectionnel. Il doit d’abord et avant tout se rappeler qu’il est français. Qu’une histoire aussi glorieuse que millénaire le rattache à un peuple de laboureurs, de conquérants et de poètes. Qui saura rallumer cette flamme de la mémoire, terreau de la reconquête ?
Clément Martin