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La nomination de l’historien et militant décolonialiste Pap Ndiaye à l’Éducation nationale a fait l’effet d’une surprise pour beaucoup. Non seulement Emmanuel Macron avait mené une campagne beaucoup plus proche de celle d’un candidat de droite « classique » que ce qu’on pouvait attendre d’un ancien ministre du Parti socialiste, mais il avait nommé Jean-Michel Blanquer à la tête du « mammouth ». Celui-ci, réputé « vieille école » voire réactionnaire, avait conservé ce poste pendant toute la durée du quinquennat. Un fait rare pour ce ministère, habitué aux chambardements perpétuels.

Mais on peut au contraire considérer que ce changement est un éclaircissement bienvenu, à au moins deux titres.

Un pantin réactionnaire de service

Tout au long du passage de Jean-Michel Blanquer au ministère de l’Éducation nationale (le plus long de la Ve République), la gauche n’a eu de cesse de l’attaquer, sous des prétextes qui, in fine, se résumaient à deux revendications classiques des syndicats de professeurs et de l’administration, à savoir le fameux « manque de moyens » et une absence de contrôle administratif. Alors que l’Éducation nationale reste un des postes de dépense les plus chers du budget de l’État, les performances des étudiants sont en chute libre. Le laisser-aller administratif, quant à lui, a donné naissance à une bureaucratie rigide et d’une complexité kafkaïenne.

La corporation professorale (qui englobe non seulement enseignants mais aussi tous les personnels de bureau) a voulu voir en Jean-Michel Blanquer un avatar de la résurgence conservatrice et autoritaire à leur direction. En réalité, cette image n’était qu’une mise en scène élaborée par le gouvernement pour faire plaisir à l’aile droite de ses électeurs, convaincus du nécessaire retour de l’autorité et de la verticalité dans l’enseignement public. Les « profs », eux, étaient finalement bien contents de se retrouver face à un tel adversaire, qui leur permettait de justifier leur discours gauchiste routinier.

Mais ce qu’aucune de ces deux factions n’a voulu voir, c’est que Jean-Michel Blanquer a été un ministre finalement habituel. Réformes incomplètes et inefficaces, conservation du cap déclinant de l’Éducation nationale, poursuite des délires idéologiques pédagogistes et socio-constructivistes. Rien n’a beaucoup changé, et la longue marche du progressisme à l’école n’a pas été perturbée plus que d’ordinaire. Au final, Jean-Michel Blanquer n’a été qu’une autre déclinaison de l’épouvantail de droite, au bilan dérisoire et à la vision politique défaillante.

Pap Ndiaye et l’avènement officiel du wokisme aux commandes

Le nouveau ministre de l’Éducation nationale est l’antithèse de son prédécesseur. Militant de longue date pour le nationalisme noir depuis son passage aux États-Unis, il participe aux premières heures du CRAN, association antiraciste bien connue pour son rôle dans la pénalisation des opinions critiques de l’immigration et du multiculturalisme. Immigrationniste forcené, il est nommé en février 2021 directeur du musée de l’Histoire de l’immigration, organisme d’État chargé depuis sa réouverture de faire la promotion de l’accueil des étrangers auprès des Français.

Mais la particularité de Pap Ndiaye est qu’il n’est pas un militant de gauche à l’ancienne : il est depuis près de 30 ans maintenant en première ligne de la gauche anti-universaliste. C’est son passage aux États-Unis qui sera le moment de sa prise de conscience politique : « Il n’y a pas, aux États-Unis, ce modèle de citoyen abstrait qui commande de faire fi de ses particularités individuelles ».

Les choses sont claires : sous réserve qu’il parvienne à s’assurer la loyauté des différents directeurs d’administration, Pap Ndiaye pourrait incarner la version explicite et intensifiée de la tendance à utiliser la machine de guerre idéologique de l’Éducation nationale à pleine puissance. À ce titre, il mérite a priori le qualificatif de « premier ministre woke de l’Éducation nationale ». On peut prévoir sans trop de risques que sous sa direction, le mammouth continuera de s’engraisser, de nourrir un foyer imprenable du gauchisme militant le plus sectaire et de participer à l’effondrement du niveau général.

On dit souvent, selon une vision gramsciste, que « la politique est en aval de la culture ». Le cas de l’Éducation nationale montre que l’adage peut tout à fait être retourné : avec le soutien d’un gouvernement résolument désireux de la réformer et d’un ministre prêt à mener une guerre quotidienne aux syndicats et aux administrations sclérosées, l’Éducation nationale serait un dispositif redoutable pour réarmer moralement et intellectuellement la jeunesse de France et la sortir de la culpabilisation permanente et de l’ethnomasochisme.

Clément Martin

 

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