« Ils ne le dompteront pas (le fier Lion de Flandre), tant qu’un Flamand vivra ». Ces paroles de l’hymne national flamand trouvent un écho tout particulier en ces lendemains d’élections à la fois régionales, fédérales et européennes dans le plat pays. Le Vlaams Belang, donné politiquement pour mort depuis ses échecs électoraux de ces 15 dernières années, a repris sa place de deuxième force politique de Flandre belge derrière la NVA, la droite nationaliste et conservatrice flamande.
Cette renaissance est à la fois le fruit d’une campagne offensive et moderne menée par son jeune président Tom Van Grieken (32 ans) et de l’influenceur militant Dries Van Langehove (26 ans), et d’un désaveu des électeurs flamands pour les partis traditionnels, et tout particulièrement pour la NVA qui paye aujourd’hui ses compromissions quand elle était au pouvoir.
« Bescherm onze mensen – Défendre nos gens » tel est le slogan d’une campagne habilement menée par une maîtrise des réseaux sociaux et par une présence militante efficace, parfois espiègle, dont le concept de « Schild en Pint » est assez représentatif : un meeting politique dans un bar ambiance sous forme d’happy hours parmi des dizaines de jeunes. La première leçon est qu’une victoire identitaire ne peut qu’être le fruit d’un discours assumé et d’une action novatrice.
« 2019 sera l’année de la révolte du Flamand moyen contre l’élite politique ». Telle fut la promesse de Tom Van Grieken lors des vœux de début d’année et l’on peut dire qu’elle fut prospective. Car la Flandre laborieuse et dynamique a en effet sanctionné le parti conservateur au pouvoir qui a échoué à tous les points de vue flamand : aucune avancée dans les négociations communautaires, une fragilisation de la classe moyenne et une passivité presque coupable face au défi de l’immigration et de l’islamisation du pays. Quand le sud de la Belgique, qui paye encore aujourd’hui sa désindustrialisation, accentue son virage à gauche, le Nord, quant à lui, exige le sursaut d’une droite sociale et identitaire que le VB a su parfaitement incarner lors de ces élections et avec qui la NVA aurait tout intérêt à se rapprocher.
Car le VB est en position favorable pour participer aux affaires. La NVA, bien qu’en tête aux élections, est obligée de composer avec un parti tiers pour gouverner. Si elle rompt le cordon sanitaire en intégrant les Vlaams belanger aux affaires, alors elle enverra un signal positif à ses électeurs mécontents dont le premier avertissement fut cinglant. Si elle se soumet au politiquement correct en s’alliant avec les progressistes, faisant fi des aspirations de son corps électoral, alors elle vivra la même agonie que son équivalent français, siphonné à la fois par sa gauche et sa droite, et disparaîtra de la scène politique. Un conservateur averti en vaut deux.
François Vandenberghe