Au micro d’Europe 1, Valérie Pécresse se présentait le 17 janvier comme l’incarnation d’une « droite contemporaine »[1], par opposition à Éric Zemmour, accusé d’être « nostalgique d’une France du passé ». Valérie Pécresse est une candidate qui porte en elle toutes les fautes et les compromissions de sa famille politique. À au moins deux titres : premièrement, elle démontre à quel point la droite (dite « républicaine », « gaulliste » ou « post-gaulliste », etc.) est idéologiquement soumise à la gauche. En outre, elle révèle son manque criant de vision pour lutter contre les dangers qui menacent véritablement l’identité de notre pays.
« Pour que la France reste elle-même, il faut que tout change »
Cette déclaration de la candidate des Républicains n’est pas juste un slogan bon marché. C’est une profession de foi – qui en dit long sur la démission idéologique de la droite. Elle consiste à nier purement et simplement la réalité identitaire (culturelle, démographique, historique) de la France tout en affirmant aux électeurs les plus naïfs son désir de conserver cette identité qu’elle s’évertue à nier.
Dire que la France peut demeurer elle-même alors que toutes ses caractéristiques concrètes seront altérées, c’est renforcer le mythe selon lequel la France serait une « idée » (floue), une « proposition » (abstraite), des « valeurs » (toujours universelles). On voit bien ici à quel point la droite du XXIe siècle est soumise à l’idéologie de la gauche socialiste-républicaine du XIXe siècle. Il est impensable pour les Républicains de penser la France autrement que par son système politique actuel et par les lubies de la gauche (d’ailleurs rendues systématiquement ringardes par la nouvelle génération de militants « woke »). Le nom de leur parti en est d’ailleurs la preuve première.
Mais rappelons l’évidence. La France n’est pas un concept, mais une réalité concrète. C’est une terre particulière de l’Ouest de l’Europe, habitée par un peuple spécifique, de souche européenne lui aussi. Sans ce point de départ, tout projet politique est destiné à échouer.
Les défis du XXIe siècle : le choix de la Grande Politique
Valérie Pécresse se dit fière de représenter une droite qui lutte à résoudre les grands défis du XXIe siècle, que seraient « l’égalité hommes-femmes », « le numérique », ou « la reconstruction de la ville » (à la sauce Hidalgo, on l’imagine bien). Cette droite a un nom : on l’appelle plus communément « la gauche ».
Notre siècle a été (et sera) effectivement le moment de surgissement de nouveaux défis pour la France et l’Europe. Mais ces défis, authentiques, sont bien plus graves et mobilisent des enjeux bien plus importants que l’enseignement du PHP à l’école : démographie africaine ingérable contre le vieillissement de l’Europe, flux migratoires incontrôlés se soldant par la catastrophe multiculturelle, autonomie énergétique de l’Europe par rapport aux pays du Sud, stagnation technologique occidentale et réveil de la technoscience orientale (chinoise notamment).
Le travail politique de la droite est depuis longtemps de s’assurer du ronronnement (illusoire aujourd’hui) de l’économie pendant que la gauche joue à l’apprenti-sorcier avec les fondements de notre civilisation (immigration, laxisme judiciaire, pédagogisme, « mariage pour tous », PMA, GPA, etc.). En d’autres termes, la gauche fait de la politique alors que la droite administre les comptes, pendant que notre pays sombre.
Cette époque est révolue : les catastrophes qui guettent la France et l’Europe exigent que nous cessions de penser le siècle déjà entamé comme une croisière paisible. Le but de la politique, de l’exercice du pouvoir est bien de mener une Grande Politique[2] : employer une volonté politique visionnaire prête à faire les choix vitaux et difficiles pour sauver notre civilisation et travailler à lui donner un avenir florissant.
L’homme de la Grande Politique sera celui de la remigration, de l’investissement dans la recherche (notamment le nucléaire), dans la mise au service de l’économie au service des intérêts des Français, du renforcement de l’Europe face aux intérêts émergents du Sud et de la Chine… mais certainement pas celui qui proposera de mettre un nutriscore sur les portions de fromage dans les supermarchés !
Refuser de voir les choses pour ce qu’elles sont est précisément ce qui a mené la droite française dans l’impossibilité d’atteindre le second tour de la présidentielle de 2017.
Clément Martin
[1] https://twitter.com/Europe1/status/1482985116016254978?s=20
[2] Selon l’expression de Guillaume Faye employée dans Pourquoi nous combattons : manifeste de la résistance européenne, Paris, L’Æncre, 2001, 237 p.