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Le CCIF (Collectif Contre l’Islamophobie en France) s’est fait particulièrement remarquer lors des polémiques autour du burkini qui ont émaillé tout l’été. Saisissant la justice en référé-liberté pour chacune des interdictions, son directeur Marwan Muhammad a été omniprésent dans les médias ces derniers temps. Pourtant, cette association et son dirigeant étaient encore assez peu connus il y a seulement quelques mois en arrière. Comment sont-ils organisés ? A quels courants se rattachent-ils ? Quels sont leurs objectifs ?

Le CCIF :  un collectif aux racines islamistes et adepte du truquage statistique

Le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) est une association française créée en 2003 dont la dénomination juridique exacte est ADDH-CCIF (Association de défense des Droits de l’Homme – Collectif Contre l’Islamophobie en France). Son fondateur se nomme Samy Debah. Ancien prédicateur de la mouvance islamiste du Tabligh, favorable aux Frères Musulmans, son objectif est de lutter contre tout type d’atteinte aux musulmans à raison de leur religion. Selon Bernard Godard, le CCIF est « directement issu des jeunes réislamisés par les réseaux fréristes et accompagnés par Tariq Ramadan »  (Bernard Godard, La question musulmane en France : un état des lieux sans concession, Fayard, 2015, p.352).
Le Figaro, citant un expert, voit dans le CCIF l’expression d’un « islam identitaire agressif […] conduit par une jeune génération de musulmans nés en France » (14/11/2012).

Le CCIF définit ainsi l’« islamophobie » comme « l’ensemble des actes de discrimination ou de violence contre des institutions ou des individus en raison de leur appartenance, réelle ou supposée, à l’islam ». Bien que prétendant se financer uniquement grâce à des dons privés, on peut trouver trace en 2013 d’une subvention de la Commission Européenne. Concernant les adhésions, en septembre 2016, l’association revendique presque 10 000 adhérents contre seulement 700 en 2013.

Le CCIF poursuit un triple but : l’assistance juridique aux victimes d’islamophobie et le déclenchement de poursuites contre leurs auteurs, la production de rapports sur le nombre d’actes islamophobes chaque année en France et un lobbying 2.0 maîtrisé pour peser dans le débat public afin de faire pression sur les décideurs médiatiques et politiques.

Le CCIF publie un rapport annuel des actes qu’il juge islamophobes dont la méthodologie est régulièrement critiquée. Dès son premier rapport, le CCIF recense en effet comme acte «  islamophobe » l’expulsion d’Abdelkader Yahia Cherif, imam de Brest, décision pourtant motivée par « son prosélytisme en faveur d’un islam radical » et « ses relations actives avec la mouvance islamiste prônant des actes terroristes » ; ou bien encore la fermeture d’une salle de prière à Châtenay-Malabry où l’imam Salem Chiffra appelait au djihad contre les infidèles. Au total, cinq actes concernent des expulsions d’imams radicaux et quatre des fermetures de mosquées consécutives à des faits d’incitation à la haine, de violence ou de participation à une entreprise terroriste.

La loi de 2004 sur l’interdiction du port du voile à l’école et la loi de 2010 sur l’interdiction de la dissimulation complète du visage sont considérées par le CCIF comme des lois revêtant un « caractère discriminatoire » au nom d’une « laïcité dévoyée ».

Le Comité contre l’islamophobie en France et le CFCM (Conseil Français du Culte Musulman) s’opposent régulièrement sur la façon de combattre l’islamophobie. Quand Jean-François Copé a évoqué le vol de pain au chocolat en période de ramadan, le CFCM a d’abord porté plainte puis s’est désisté. Le président du CCIF Marwan Muhammad estime qu’« une fois de plus le CFCM s’est décrédibilisé. En outre, si l’institution souhaitait montrer qu’elle est indépendante, ses prises de position dans cette affaire ont reflété le contraire » ; il considère que le CFCM « ne peut pas, à longueur de temps, écrire des communiqués pour dénoncer les actes islamophobes et, en même temps, passer l’éponge face à l’attitude caractérisée de Copé » (SaphirNews, 13/01/2013).

Chaque année, le CCIF organise un dîner où se presse l’essentiel des différents acteurs des mouvances islamistes en France. En 2014, Ahmed Jaballah, co-fondateur de l’UOIF, enseignant et directeur de l’IESH, l’institut de formation de l’UOIF en France était présent.
Le 29 mai 2015, le CCIF organise son dîner annuel auquel se rend cette fois la porte-parole du parti socialiste, Corine Narassiguin. Cette visite fera polémique au sein même du PS, quatre membres du conseil national du PS allant jusqu’à écrire au premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, afin de réclamer des explications. Celui-ci, deux jours plus tard, recevra rue de Solférino des membres du CCIF. Ne manquant pas l’occasion d’exprimer leurs revendications, ils insisteront pour que Cambadélis évoque « l’islamophobie » dans son prochain discours. Peu de temps après lors d’un meeting à Poitiers, le premier secrétaire cédera à leur exigence.

Peu après les attentats islamistes du 13 novembre, face aux perquisitions visant des islamistes présumés, le CCIF par la voix de Marwan Muhammad signe un communiqué dénonçant une dérive islamophobe aux côtés d’Al-Kanz et d’associations comme Baraka City, acteurs bien connus de la mouvance salafiste. Une proximité assumée avec les franges les plus extrémistes de l’islam en France, comme lors des apparitions publiques de Marwan Muhammad en compagnie de  Nader Abou Anas (pour qui, « une épouse ne doit pas sortir sans l’autorisation de son mari et que celle qui se refuse à lui sera « maudite toute la nuit par les anges » ), Rachid Abou Houdeyfa (l’imam de Brest qui considérait ceux écoutant de la musique comme voué à « être transformés en singes et en porcs ») ou encore Hassan Iquioussen (imam de l’Union des Organisations Islamiques de France, l’UOIF, émanation de l’organisation islamiste des Frères Musulmans en France), régulièrement épinglé pour ses prêches antisémites et pour qui les attentats islamistes qui ont fait plus de 250 morts en France ces dernières années sont « un faux problème ». Ces accointances islamistes de Marwan Muhammad ont été notamment rappelées par le Canard Enchaîné le 17 août dans un article intitulé « Des islamistes qui avancent mosquée ».

Plus récemment, au début du mois de septembre 2016, le CCIF a défendu avec force Abdel Fattah Rahhaoui, directeur de l’école Al-Badr, notamment en diffusant une vidéo sur leur page Facebook pour se plaindre de la mise en demeure par l’état de son établissement. Criant à l’islamophobie, le CCIF appelait ses membres et les internautes à faire pression sur le Ministère de l’Education Nationale. Là encore, l’individu soutenu par le Collectif de Marwan Muhammad est proche des milieux islamistes. Il a en effet été l’ancien professeur de religion de Souad Merah, la sœur de Mohammed Merah qui avait proclamé être « fière » des assassinats de son frère à la télévision. Elle avait suivi « assidûment » ses cours selon le Midi Libre, et l’imam s’était montré particulièrement élogieux avec elle, la décrivant comme une personne « ne supportant pas les injustices » et concédait être d’accord avec « beaucoup de ses engagements ». Depuis, Souad Merah a tenté de rejoindre l’Etat Islamique en février 2014, sans succès.

Marwan Muhammad, l’islamiste en costard à la tête du CCIF

Binational franco-égyptien, Marwan Muhammad est né en 1978 à Paris. Il grandit dans le quartier de la Goutte d’Or. Après avoir travaillé dans le domaine de la finance, il bascule dans l’activisme politique et devient en 2010 le porte-parole du CCIF. Il apparaît rapidement comme un acteur incontournable de la lutte contre l’islamophobie, multipliant les conférences en France et à l’étranger.

En 2012, il se fait remarquer en organisant une distribution gratuite de pains au chocolat devant la gare Saint-Lazare suite à la polémique créée par Jean-François Copé. Celui-ci avait en effet évoqué lors d’un discours à Draguignan le cas d’un jeune qui se serait fait « arracher son pain au chocolat par des voyous sous prétexte qu’on ne mange pas pendant le ramadan ».

Dans son livre « L’islam, épreuve française », la journaliste Elizabeth Schemla retranscrit l’intervention de Marwan Muhammad lors d’une conférence à la mosquée d’Orly : « Qui a le droit de dire que la France dans trente ou quarante ans ne sera pas un pays musulman ? Qui a le droit ? Personne dans ce pays n’a le droit de nous enlever ça. Personne n’a le droit de nous nier cet espoir-là. De nous nier le droit d’espérer dans une société globale fidèle à l’islam. Personne n’a le droit dans ce pays de définir pour nous ce qu’est l’identité française. » Ces propos polémiques auraient été prononcés en août 2011. La vidéo de cette conférence a depuis été supprimée du site internet, le responsable de l’Association Socio-culturelle et Cultuelle des Musulmans (ASCM) de la mosquée d’Orly expliquant vouloir « éviter la polémique ».

Attaquant régulièrement le concept de la laïcité qu’il estime dévoyé par la classe politique, il coordonne la rédaction d’un texte par une quarantaine d’universitaires intitulé « Pas de laïcité sans liberté ». Cette tribune recueillera plus de 35 000 signatures.

A longueur d’articles, de tweets et d’interviews, il s’en prend à Manuel Valls, estimant que ce dernier ne traite pas les communautés musulmane et juive de façon égale en privilégiant largement la seconde. Marwan Muhammad twitte aussi régulièrement sur les « Blancs » comme le 1er décembre 2015 : « #COP21 Des Blancs expliquent aux autres pourquoi il ne faut pas faire comme eux et comment il faut faire pour payer LEURS pots cassés ».

Le 3 mars 2016, Marwan Muhammad est devenu le directeur exécutif du Collectif Contre l’Islamophobie en France. Sa responsabilité est de « coordonner et de consolider le travail opérationnel du CCIF, tout en développant et en renforçant la visibilité du CCIF, au niveau national comme international ».

Suite aux polémiques liées au burkini à l’été 2016, Marwan Muhammad a connu une présence médiatique extrêmement accrue. Il comptabilise aujourd’hui plus de 110 000 « j’aime » sur Facebook et est devenu l’activiste communautaire (hors champ religieux) le plus populaire de la communauté musulmane.

Le CCIF s’est fait une spécialité de s’appuyer de manière très sournoise sur le logiciel des Droits de l’Homme pour faire progresser l’islamisation. C’est d’ailleurs conjointement avec la Ligue des Droits de l’Homme que l’organisation de Marwan Muhammad a contesté les arrêtés anti-burkini auprès du Conseil d’Etat, obtenant gain de cause. Usant du droit, de son dévoiement et de ses dérives idéologiques, le CCIF ne cesse de harceler devant les tribunaux les hommes ou femmes politiques français qui auraient le malheur de prononcer une phrase qui pourrait lui déplaire et d’attaquer en justice toutes les décisions politiques entravant la poussée islamiste.

Le but du CCIF dans l’immédiat est double : à la fois pérenniser la présence des musulmans en France et sécuriser la possibilité d’expression des coutumes islamiques sur notre sol. En luttant contre les lois dites « islamophobes » et en menaçant juridiquement tous ceux qui s’opposent à l’islamisation, ils visent à intimider et faire taire toute critique de la poussée islamiste en France. Bénéficiant de la complicité active d’une kyrielle d’associations gauchistes au nom des Droits de l’Homme, ils n’hésitent pas à se servir d’idiots utiles, tels Edwy Plenel ou Esther Benbassa, pour faire avancer leur cause. De plus en plus solidement installé dans le paysage politique français, composé de milliers d’adhérents et doté d’un poids communautaire sans cesse grandissant, le CCIF, véritable lobby islamiste, est en train de largement déborder certaines organisations musulmanes existantes, considérées à ses yeux comme trop modérées. Son positionnement dur, décomplexé et revendiqué semble rencontrer un écho au sein d’une communauté musulmane qui bascule chaque jour un peu plus dans l’islamisme. Dans une France toujours davantage déstabilisée par les attentats à répétition, la stratégie du CCIF est claire. Ses membres ne cherchent pas la paix civile, mais à imposer leur communauté et sa manière de vivre. Face à la France et son identité millénaire, ils ne sont animés que par une volonté de conquête. Le djihad du CCIF est politique : il vise à soumettre la France et détruire son identité.

Jérôme Barbet