La commission spéciale a rejeté les amendements visant à interdire le port du voile pour les fillettes de trois à sept ans. Ces amendements, déposés par les députés LREM Aurore Bergé et Jean-Baptiste Moreau, ont été jugés « sans rapport direct légistique avec le projet de loi ». Tous les deux sont des figures du parti : la première s’est illustrée lors de la campagne présidentielle et le second est porte-parole de LREM, tous deux membres de son aile libérale.
Marlène Schiappa, sur CNEWS, s’est dite en accord « philosophique » total avec le texte mais le président du groupe LREM à l’Assemblée, Christophe Castaner, et d’autres membres du parti, jusqu’au gouvernement assure Le Parisien (17/01/2021), craignent « l’hystérisation du débat ». L’exécutif a donc souhaité éviter les polémiques qui avaient terni la fin du quinquennat en 2004, sous Jacques Chirac (loi sur les signes religieux ostensibles à l’école), ou celui de Nicolas Sarkozy, en 2011 (loi sur le voile intégral dans l’espace public).
La bien-pensance de gauche comme de droite ne cesse de se casser les dents sur ce sujet. En effet, elle se divise entre les néo-féministes, qui prolongent le combat pour le respect du corps de la femme (au nom duquel a été légalisé l’avortement en 1974) et prône « la liberté de porter le voile » et les conservateurs du statu quo multiculturaliste, qui craignent une réaction forte des musulmans et préfèrent ne pas légiférer, par soumission.
Le gouvernement d’Emmanuel Macron n’aura de toute façon jamais le volontarisme de contrôler la façon dont 6 à 9 millions de musulmans (selon Jean-Paul Gourévitch, Planet.fr, « La vérité sur le nombre de musulmans en France », 2015), globalement hostiles ou indifférents aux règles du pays qui les a accueillis, vivent leur religion.
Pour autant, nous devons savoir faire feu de tout bois. Toute mesure allant dans le sens de marquer une frontière ferme entre ce que nous acceptons et ce que nous refusons strictement est bonne à prendre. Mais nous devons garder à l’esprit que la lutte contre le voile islamique n’est pas une fin en soi. Notre problème n’est pas tant l’apparition (ou la disparition par la loi) dans l’espace public d’un signe religieux hostile à notre identité que l’immigration massive qui a permis sa diffusion.
Si une population ne peut cohabiter avec nous sans créer de problèmes insolubles, la remigration est la seule alternative. Sortons du mythe républicain universaliste, qui nie la force du sentiment identitaire et le besoin de racines. Que les musulmans s’estimant persécutés chez nous rejoignent le pays où ils pourront vivre librement leur foi. Au besoin, nous les y aiderons.
Clément Martin
Illustration : sur la route d’Ispahan, jeunes filles en tchador – Jeanne Menj