Le 4 février dernier, Amazon Prime Video lançait une grande campagne promotionnelle pour annoncer la sortie en septembre 2022 d’une série basée sur l’univers du Seigneur des anneaux, intitulée Les Anneaux de pouvoir. Rapidement, de nombreux fans de l’univers épique imaginé par J.R.R. Tolkien ont protesté contre la présence massive et injustifiée d’acteurs noirs dans la série. Sans surprise, les gardiens de la bien-pensance ont redoublé d’indignation pour dénoncer le racisme et le passéisme d’une société européenne pas encore suffisamment rééduquée. Mais d’où vient cette ardeur progressiste à vouloir se débarrasser des personnages blancs de la culture populaire européenne ?
Le Seigneur des Anneaux, testament pagano-chrétien
Conçue dans les années 50 par le philologue et poète britannique John Ronald Reuel Tolkien, la trilogie du Seigneur des Anneaux constitue une œuvre majeure dans la culture populaire européenne – non seulement par ses personnages profondément humains (qu’ils soient Hommes, Elfes, Hobbits ou Nains, par ailleurs), ses dialogues mémorables ou la richesse de son univers, mais parce qu’elle constitue un testament littéraire profondément enraciné dans la mémoire européenne. Les légendes de la Terre du Milieu sont à la fois une reformulation de la vision du monde chrétienne (Tolkien était un catholique convaincu) mais elles sont également inspirées par les héritages germaniques, scandinaves ou celtes de la vieille Europe. À la croisée des légendes arthuriennes, de la chevalerie homérique et de Beowulf, la mythologie du Seigneur des Anneaux fait désormais partie intégrante de l’inconscient collectif des Européens. Elle est aussi la preuve que, tant que nous serons capables de retourner aux sources de notre identité, nous serons toujours capables de concevoir des mythes capables de nous inspirer et de nous guider.
La diversité à marche forcée
La multiplication des personnages non-Blancs (et bien souvent LGBT) dans les œuvres classiques et populaires de l’Europe n’est pas une simple coïncidence : il s’agit d’une volonté délibérée de procéder à un coup d’État de l’imaginaire européen et d’y substituer le culte du métissage, de la culpabilisation et du remplacement ethnique.
Certains (comme Gabriel Robin, journaliste à L’Incorrect), se demandent pourquoi les studios ne préfèrent pas raconter les histoires et les mythes de l’Afrique, plutôt que d’insérer des Africains dans les histoires européennes. La réponse est que personne ne souhaite que cela se produise. Pour les producteurs, le plus souvent animés par un ethnomasochisme délirant et totalement acquis à l’immigrationnisme, intégrer au forceps des extra-Européens dans les œuvres classiques de l’Europe a pour fonction d’habituer les Européens à cohabiter (même dans leur imaginaire) avec les immigrés et leurs descendants. Le message est clair : il n’y a nulle part où se cacher. L’idée même de l’existence d’un endroit (concret ou imaginé) dans lequel on ne rencontrerait pas d’Africains ou de Maghrébins est insupportable : inévitablement, la comparaison avec les lieux de « cohabitation » multiculturelle rendrait les sanctuaires non-remplacés ardemment désirables. L’adaptation cinématographique de Peter Jackson de 2001 avait laissé une marque profonde et durable dans l’imaginaire des Européens de l’époque. À ce titre, il était évidemment inacceptable qu’elle continue à valider l’idée chez les jeunes générations que les mythes européens ont été conçus par eux et pour eux.
Quant au public européen (même de gauche), son intérêt ne se porte tout simplement pas sur la culture africaine, qui aura bien du mal à le faire rêver. Et les Africains vivant en Europe, malgré l’exaltation bruyantes de leurs racines, ne sont pas plus intéressés par la mémoire de leurs ancêtres, mais bien par la vengeance sur le colonisateur européen.
Pour que cesse la défiguration de notre culture sous les coups de la diversité, il est temps de prendre conscience qu’elle constitue un enjeu politique majeur, pour nos ennemis bien entendu, mais surtout pour nous. Car c’est ce patrimoine qui nous définit, il nous incombe de le défendre.
Clément Martin