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On a beau connaître la tendance répressive du néo-féminisme contemporain, on n’en reste pas moins surpris du niveau de soviétisme mental qui caractérise ce courant de pensée. Quand Sandrine Rousseau appelle dans une interview donnée au site Madmoizelle à la création d’un délit de non-partage des tâches domestiques visant à punir le conjoint qui ne s’acquitterait pas de sa part de balayage ou de vaisselle, il ne s’agit pas d’un « dérapage » ou d’une « connerie ». Il s’agit d’une prise de position idéologique cohérente et prévisible.

L’émancipation comme arme de surveillance généralisée

Dans une société saine, une femme qui ne serait pas satisfaite de l’implication de son conjoint ou de son mari dans les tâches ménagères en viendrait à négocier avec lui pour que chacun s’acquitte de sa charge de travail domestique. Problème réglé. Mais dans notre société actuelle, où l’État déploie ses tentacules partout, s’évertuant à rééduquer au forceps les comportements réactionnaires de ses ouailles, cette issue n’est pas envisageable ; la solution qui s’impose, c’est de procéder à une surveillance généralisée des comportements intimes, pour que la sacro-sainte Égalité ne soit jamais mise en brèche. Un commissaire politique présent dans chaque foyer, préposé au décompte du passage de l’aspirateur ou des courses, voilà une mesure politique raisonnable et rationnelle. Ironie croustillante du discours féministe, qui souhaite, au nom de l’autonomie des femmes, mettre en place la dépendance intégrale à un État mi-thérapeute, mi-tortionnaire. Sandrine Rousseau est très fière de vivre avec un « homme déconstruit ». Les mauvaises langues diront que l’homme déconstruit est le prélude à la société désintégrée.

Le cadavre du patriarcat, un alibi bien pratique

S’il y a bien un mot que les féministes ont à la bouche, c’est celui d’ « émancipation ». Une revendication peu claire s’il en est. S’émanciper de quoi, au juste ? Du patriarcat traditionnel, mort depuis longtemps sous les coups de l’égalitarisme ? On aurait bien du mal à trouver les restes de la « domination masculine » chère à Bourdieu dans la société française actuelle, celle des « parent 1 » et « parent 2 » et de l’exhortation perpétuelle à la parité.

Et quand bien même le patriarcat serait toujours vivace, quel est l’objectif de cette émancipation ? S’émanciper, certes, mais pour quoi faire ? Comme toujours avec les progressistes, la liberté (débarrassée du principe de responsabilité et de la nécessité de rectitude morale qui l’accompagnent) n’est qu’un cache-misère pour justifier la dictature des caprices. Le problème, c’est que les capricieux n’ont aucun complexe à employer la force de l’État à l’encontre de tous ceux qui refusent de céder à leurs lubies. Sauf pour ceux qui appartiennent à des catégories protégées, bien sûr. Dans la France de 2050, les femmes françaises qui seront forcées de porter le voile dans la rue pour ne pas se faire violer pourront se consoler en se disant que leur mari (surtout si c’est un Français de souche) fera bien son tour de vaisselle sans broncher.

Nul doute que Sandrine Rousseau est loin de faire l’unanimité chez les femmes françaises. Mais cela ne signifie pas que son discours soit destiné à rester marginal : si l’histoire récente nous a appris une chose, c’est que les avant-gardes du progressisme ont un pouvoir d’influence jamais battu en brèche jusqu’à présent.

Clément Martin

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