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Éric Zemmour a sans conteste été le candidat de la transgression : en parlant de Grand Remplacement et de remigration, il a permis à la cause identitaire d’affaiblir les digues du multiculturalisme et de l’immigration de masse en France. Si la droite ne veut pas se ringardiser, elle doit au plus vite abandonner l’assimilationnisme. Au vu de la culture dominante (surtout chez les jeunes générations), l’assimilation républicaine pourrait devenir un discours bien plus mal perçu que le discours identitaire authentique dans les années à venir.

Disparition de la laïcité et retour du sacré : l’assimilation à l’envers des jeunes Français

Il suffit de faire un tour sur TikTok ou sur Twitter pour constater que la question du « retour du sacré » ou du « retour du religieux » dans notre pays ne touche pas simplement les musulmans et les descendants d’immigrés, mais imprègne plus globalement les jeunes générations. Cela ne signifie pas forcément que les jeunes Français de souche font le choix de revenir à la pratique du christianisme mais plutôt qu’ils deviennent étrangers à la laïcité et au droit à blasphémer, qui sont des valeurs républicaines établies depuis longtemps.

Pour ces jeunes natifs, le fait de côtoyer l’islam au quotidien (tant dans leur fréquentation que dans leur environnement culturel) a provoqué un effet inattendu pour les idéologues du vivre-ensemble : pour les Français de la génération Z, l’universalisme et le pluralisme sont des valeurs dont la cote subit une baisse constante. Quand bien même ils ne sont pas musulmans, ils considèrent que les restrictions du port du voile, l’obligation de donner des prénoms français à ses enfants ou que les caricatures du prophète sont des attaques dirigées, certes, contre une communauté, dissimulées derrière un discours républicain perçu comme ringard, voire comme manipulateur et en réalité islamophobe, mais surtout contre le patrimoine identitaire de chacun. Les abstractions de la société indifférenciée ne les intéressent plus. L’affaire Mila fut un marqueur important de cette tendance : bien que s’identifiant comme LGBT, Mila n’avait reçu de la part des Français de sa génération qu’un soutien des plus mous. Certains de ses harceleurs étaient d’ailleurs eux-mêmes des Français athées.

L’indifférenciation politique de populations culturellement irréductiblement différentes ne génère chez eux qu’un sentiment de défiance. Si ce phénomène est problématique, puisqu’il consiste à mettre à égalité la culture des autochtones français avec celle des nouveaux arrivants, il peut cependant présenter un avantage à exploiter pour les identitaires.

Violence de l’assimilation et réalisme de l’identité

Bien entendu, le discours identitaire sera tout d’abord un repoussoir pour ces Français qui ont subi « l’assimilation à l’envers ». Mais dans le même temps, l’assimilationnisme sera perçu avec une hostilité croissante, étant donné que cette politique incarne une violence de l’État à l’égard des musulmans, sommés d’abandonner leur culture pour se fondre dans un creuset républicain qui n’incarne plus rien pour la majorité des jeunes. La défaite de l’assimilationnisme au profit du discours « identitaire de gauche » (décoloniaux, indigénistes, immigrationnistes, etc.) est en réalité une brèche ouverte dans le discours républicain – et cette brèche pourrait être la nôtre.

Les jeunes générations reconnaissent avec de plus en plus de facilité que le multiculturalisme, c’est le règne de la « différence », qui consiste à croire en réalité que la « désunion fait la force ». Pour ce public, la question n’est plus de savoir si la France est un pays multiculturel : ils s’accordent à dire que c’est déjà le cas. Seuls les boomers républicains refuseront de l’admettre. La question qui demeure est par conséquence somme toute élémentaire : faut-il se réjouir ou se lamenter que la société soit fragmentée selon des clivages communautaires ? À partir de là, la stratégie identitaire apparaît comme claire : convaincre, sur le plan métapolitique, que le multiculturalisme est un fléau plutôt qu’une chance, à force de discussion, de documentation, de production culturelle et d’activité militante. Mais il faut également travailler à produire un discours positif d’affirmation de l’identité européenne : puisque le multiculturalisme célèbre les particularités, pourquoi ne pas affirmer la nôtre ?

Bien entendu, la lutte est asymétrique : derrière le discours de mise à égalité des cultures au sein de la société multiculturelle, on sait bien que ses thuriféraires espèrent favoriser les nouveaux arrivants. Il n’empêche que cette nouvelle configuration est bien plus susceptible de nous avantager que ne l’est la tradition républicaine daltonienne et hors-sol, dont les règles étaient aussi avantageuses pour nos adversaires, mais bien moins favorables pour nous.

Clément Martin

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